Influences occidentales et traditions régionales sur l'évolution urbaine et architecturale des villes arabes de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe siècle : l'exemple de Damas
Auteur / Autrice : | Anas Soufan |
Direction : | François Déroche, Michel Terrasse |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire de l'art |
Date : | Soutenance en 2011 |
Etablissement(s) : | Paris, EPHE |
Partenaire(s) de recherche : | Autre partenaire : École pratique des hautes études. Section des sciences historiques et philologiques (Paris) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Michel Terrasse |
Mots clés
Résumé
L’histoire de la gestion urbaine des villes arabes au XIXe et au XXe siècle est un sujet récemment traité. Le terme « gestion urbaine » est vaste et très général alors que chaque ville avait ses spécificités et son propre évolution. Ignorons leur histoire antérieure au XIXe siècle, trois points communs unifient les villes étudiées pendant la période de la recherche ; la Méditerranée, la domination ottomane puis l’occupation européenne. Damas, Beyrouth, le Caire et Tlemcen ont plus ou moins vécu les mêmes mutations de leur gestion urbaine. Cette recherche se focalise sur le cas de Damas. Elle aborde l’évolution de sa gestion urbaine pendant deux périodes clés de son histoire contemporaine ; les Réformes ottomanes et le Mandat français. Alors que la ville a été dirigée par deux pouvoirs politiques profondément différents, sa gestion urbaine n’a pas connu la même rupture historique. Or, Damas a expérimenté la mentalité urbaine des Français bien avant leur arrivée en troupes militaires en juillet 1920 ; les réformes du système municipal ottoman se sont fondamentalement appuyées sur l’expérience française postérieure à la Révolution de 1789. Cela n’affectait pas seulement le développement urbain et architectural de la ville. Car, des techniciens, des ingénieurs et des architectes occidentaux ont participé directement ou indirectement à la conception des projets édilitaires et architecturaux de la ville. Les deux périodes de réformes, ottomanes comme françaises, révèlent une contradiction flagrante. Alors que les Réformes ottomanes signifient une période d’occidentalisation de l’espace urbain et architectural de Damas, celles du Mandat français contribue entre autres à une « retraditionalisation » de la nouvelle architecture de la ville. Cela est aperçu par les monuments construits au style syrien des années 1920-1950. Ce dernier représente l’aboutissement de décennies de mutations qui ont touché non seulement l’architecture damascène, mais aussi la société syrienne en général. Une des conséquences principales de ces mutations est l’émergence d’un conflit intersociétable entre partisans et opposants des politiques d’occidentalisation sociale et culturelle. Un nationalisme moderne, composé des intellectuels et des anciens étudiants européanisés, voit le jour. L’architecture devient une de ses armes culturelles. Si bien que la ville témoigne d’une richesse et d’une créativité architecturale sans précédentes ; des constructions aux styles néoclassique, néo-ottoman, Art-déco, International et au style syrien des années 1920-1950 s’élèvent tout au long du premier moitié du XXe siècle. La formation des architectes et ingénieurs syriens dans les écoles d’Istanbul, de Beyrouth, du Caire ou d’Europe a manifestement enrichi la diversité stylistique de cette période. Cette recherche jette la lumière sur les acteurs autochtones et occidentaux, sur les circonstances internes et externes, et sur les conséquences des réformes ottomanes et françaises à l’évolution urbaine et architecturale de Damas. Elle s’appuie sur des sources écrites et graphiques inédites, ainsi que sur des recherches sur terrain. La finalité visée n’est pas uniquement historique. Elle est d’une utilité continue à l’évolution ou à la refondation urbaine des villes étudiées