Auteur / Autrice : | Marion Wlodarczyk |
Direction : | Serge Paugam |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 2011 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Résumé
Cette thèse est fondée sur une analyse de la politique d'éloignement forcé des étrangers qui repose sur une étude des textes juridiques et une enquête de six mois effectuée dans la région calaisienne. Elle vise ainsi à interroger l'évolution que connaît la souveraineté exercée par l'État national du fait de la construction européenne. Domaine traditionnellement régalien et hautement symbolique, les politiques d'expulsion, de reconduite à la frontière et de réadmission permettent au sociologue d'identifier les conséquences, sur l'exercice même du pouvoir souverain, de l'arrivée de l'acteur européen dans cette sphère de compétences. L'objectif de la thèse est de montrer que l'acteur étatique a dû adapter l'exercice de sa souveraineté afin de se maintenir comme un acteur central de l'échiquier politique européen. L'élaboration d'une définition sociologique de la souveraineté est un préalable nécessaire pour mener cette analyse : la méthode idéaltypique permet de la définir à partir de deux dimensions, la volonté et la potentia, et fournit un cadre conceptuel fécond qui permet ensuite d'aborder la question de l'exercice du « pouvoir suprême ». L'enquête par observation réalisée au sein des services de la Police Aux Frontières de Calais et de la préfecture d'Arras met en évidence que l'État s'attache désormais à être davantage le responsable de la mise en œuvre de cette politique spécifique plutôt que le porteur du projet politique. Ce mouvement de restructuration interne de la souveraineté qui peut être résumé par la formule « le pouvoir, c'est l'exercice du pouvoir» semble être une stratégie efficace sur une scène politique fortement concurrentielle.