Enjeux des modèles politiques d'intégration pour les relations intergroupes.
Auteur / Autrice : | Rodolphe Kamiejski |
Direction : | Serge Guimond |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Doctorat de Psychologie |
Date : | Soutenance le 12/12/2011 |
Etablissement(s) : | Clermont-Ferrand 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale des lettres, sciences humaines et sociales (Clermont-Ferrand) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de psychologie sociale et cognitive (Clermont-Ferrand ; 1984-...) |
Jury : | Président / Présidente : Ewa Drozda-Senkowska |
Examinateurs / Examinatrices : Armand Chatard, Christian Staerklé, Martial Mermillod | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Armand Chatard, Christian Staerklé |
Résumé
Le processus de catégorisation sociale occupe une place centrale dans la psychologie des relations intergroupes comme fondement des stéréotypes, des préjugés et de la discrimination. Il est aussi au cœur des débats sur les modèles politiques d’intégration interrogeant différentes voies possibles du vivre ensemble. Pour construire une société harmonieuse et cohésive, doit-on être aveugle aux différences ethniques, culturelles ou religieuses comme le prône la tradition républicaine française et donc éviter la catégorisation, ou faut-il, au contraire, reconnaître et mettre en valeur les différences culturelles et religieuses à l’instar d’une politique de multiculturalisme ? L’objectif général de cette thèse est de combler le manque de recherche sur une telle problématique en France en examinant de manière systématique l’influence du modèle républicain et du multiculturalisme sur les relations intergroupes, croisant le point de vue du groupe majoritaire et des populations minoritaires.Une première série d’études (N=338) visait à développer un instrument mesurant l’adhésion aux principes du modèle républicain. Elles révèlent deux facteurs distincts caractérisant cette adhésion : la citoyenneté, associée au à des attitudes favorables à l’égard du multiculturalisme et des minorités, et la laïcité, porteuse de préjugés et de conservatisme. L’étude 3 menée auprès de minoritaires (N=42) atteste du traitement égalitaire qui caractérise la citoyenneté, promotrice d’intégration et non d’assimilation.Dans une deuxième partie, l’étude 4 s’intéressait à analyser l’incidence causale des modèles d’intégration par leur induction expérimentale auprès de minoritaires Maghrébins (N=126). Les résultats montrent que ces modèles génèrent des effets positifs sur le bien-être, l’identification aux groupes et des orientations égalitaires. Elle souligne aussi le rôle du contact occasionné par la présence d’un expérimentateur du groupe majoritaire ou minoritaire.Usant du même protocole expérimental, une troisième et dernière partie empirique étudiait les attitudes du groupe majoritaire après induction des modèles d’intégration et des situations de contact. L’étude 5 (N=82) atteste que le multiculturalisme véhicule moins d’intolérance comparée au modèle républicain français au contact d’un expérimentateur majoritaire, mais conduit à une augmentation de l’hostilité intergroupe après rencontre d’un expérimentateur immigré. L’étude 6 (N=93) réduisant le statut hiérarchique avec un compère Maghrébin confirme la responsabilité du multiculturalisme dans l’expression d’un biais défavorable aux minorités. L’ensemble de ces résultats appuie l’idée d’effets bénéfiques partagés par les deux modèles mais distingue aussi des conditions limites à leur application.