Thèse soutenue

Les classifications des systèmes philosophiques d'Emmanuel Kant à Jules Vuillemin. Étude architectonique, logique et mathématique.

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Auteur / Autrice : Baptiste Mélès
Direction : Élisabeth Schwartz
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 06/12/2011
Etablissement(s) : Clermont-Ferrand 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des lettres, sciences humaines et sociales (Clermont-Ferrand)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Laboratoire Philosophies et Rationalités (Clermont-Ferrand)
Jury : Président / Présidente : Emmanuel Cattin
Examinateurs / Examinatrices : Jean-François Courtine, Jean-Baptiste Rauzy, Sébastien Gandon, Alain Michel
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-François Courtine, Jean-Baptiste Rauzy

Résumé

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À la suite d’Agrippa, maint sceptique a argué de la pluralité des systèmes pour ruiner toute ambition de vérité philosophique : des systèmes contradictoires ne pouvant être vrais simultanément, leurs prétentions respectives s’annulent. L’argument n’a pourtant de valeur que si la pluralité des systèmes est elle-même irrationnelle. Or plusieurs philosophes ont rationalisé la diversité des systèmes philosophiques, suggérant par là que la raison puisse s’approprier sa propre limite ; notamment Kant, dans l’« Histoire de la raison pure » qui conclut la Critique de la raison pure (1781) ; Hegel, dans les Leçons sur l’histoire de la philosophie (1805–1830) ; Victor Cousin, dans Du Vrai, du beau et du bien (1828) et l’Histoire générale de la philosophie (1863) ; Charles Renouvier, dans l’Esquisse d’une classification systématique des doctrines philosophiques (1885–1886) ; et Jules Vuillemin, dans Nécessité ou contingence (1984).Étudier de manière interne chacune de ces entreprises permet de déterminer quels en sont les critères fondamentaux, la forme mathématique générale, et le but philosophique. L’histoire kantienne de la raison pure, injustement dédaignée, repose sur les concepts fondamentaux du criticisme, structure maint chapitre des trois Critiques, et annonce la paix philosophique perpétuelle dont est porteur le criticisme. Les Leçons de Hegel ne sont ni un résumé empirique ni une histoire biaisée de la philosophie : fondées sur la Logique et la Phénoménologie, elles mettent au jour la dialectique interne des systèmes. La classification de Renouvier n’est pas, comme on le dit parfois, a posteriori, mais repose au contraire sur le jeu a priori d’une table des catégories et d’une théorie de la contradiction. Enfin, la classification vuilleminienne des systèmes, qui s’appuie sur une classification des formes de prédication, généralise la classification kantienne. Seule la classification de Victor Cousin s’avère finalement a posteriori.Ancrées dans les concepts fondamentaux de chacune de ces doctrines, ces classifications montrent qu’un système peut construire l’image des autres et de leurs relations aussi rigoureusement qu’il décrit le monde : les relations entre systèmes ne sont pas moins structurales que les systèmes eux-mêmes.