Garder ses distances : une histoire des relations homme-loup dans les Alpes occidentales (XVIe-XvIIIe siècle)
Auteur / Autrice : | Julien Alleau |
Direction : | Jean-Marc Moriceau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire des mondes modernes, du monde contemporain |
Date : | Soutenance en 2011 |
Etablissement(s) : | Caen |
Résumé
A l'époque moderne, Provence et Dauphiné sont deux provinces éloignées du centre du pouvoir royal. Elles sont singulières dans les relations que leurs habitants entretiennent avec le loup. L'évolution démographique des XVIe-XVIIIe siècles a entraîné une forte pression sur l'environnement et modelé des paysages agronomiques particuliers et diversifiés. Les surfaces forestières ont été réduites tandis que l'intensification de la chasse a entraîné une réduction des populations de proies disponibles. Les loups sont contraints de se rapprocher de l'homme et de ses troupeaux pour subsister. Si la représentation du loup au sein des traités agronomiques et cynégétiques anciens est exécrable, les habitants parvenaient vraisemblablement à cohabiter avec cet animal, bon gré, mal gré. Les conflits sont cependant très intenses en certains lieux. L'anthropophagie témoigne de la vulnérabilité de certaines catégories sociales dont les pratiques sont étroitement liées à l'économie pastorale, elle-même tributaire de l'organisation agronomique du paysage. Associée à la rage dont l'animal est parfois victime, ces situations de conflit ont contribué à faire émerger une relation ambivalente, avec des épisodes plus ou moins violents appartenant au fait-divers, mais finalement assez banale dans la continuité, où une certaine réciprocité peut même s'installer. À travers les primes de chasse accordées par les institutions locales, les habitants sont tous susceptibles de participer à la destruction du prédateur. Cette chasse offre à la fois la possibilité de lutter contre l'animal pour répondre à la nuisance, mais également de travailler à la réduction de sa population afin de diminuer le risque