Thèse soutenue

Diversité, écologie et adaptation des bivalves Vesicomyidae associés aux environnements réducteurs profonds des marges continentales

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Auteur / Autrice : Carole Decker
Direction : Karine Olu-Le RoyAnn Andersen
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Océanographie biologique
Date : Soutenance en 2011
Etablissement(s) : Brest

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Les bivalves Vesicomyidae colonisent les sédiments des marges continentales et des plaines abyssales, le long d'un large gradient bathymétrique (100-9050 m). Ils sont également un des taxons clés des environnements réducteurs profonds comme les sources de fluides froids et les sources hydrothermales. L’objectif de cette thèse est d’étudier les caractéristiques des espèces de bivalves Vesicomyidae qui peuvent expliquer leur grande diversité et leur répartition à l’échelle locale ou régionale au niveau des écosystèmes à base chimiosynthétique. Plusieurs espèces sont étudiées, colonisant des environnements variés et des structures géologiques plus ou moins actives dans le Golfe de Guinée et le Bassin de Guaymas. Dans le Golfe de Guinée, les deux espèces de Vesicomyidae colonisant le pockmark Regab Christineconcha regab (dominante) et Loubiericoncha chuni (rare), semblent se répartir en fonction des caractéristiques géochimiques de l’environnement Ces espèces présentent des différences en termes de morphologie (longueur de siphons, structure des branchies) et stratégie démographique (reproduction continue pour Ch. Regab et reproduction discontinue pour L. Chuni). Ces espèces ont en outre, des différences physiologiques, avec une hémoglobine circulante pour L chuni plus affine pour l’oxygène, absente chez Ch. Regab qui ne possède que de la myoblobine dans son pied. De plus, le métabolisme des symbiotes semble plus efficace chez L. Chuni pour la capture de l’hydrogène sulfuré. Ces caractéristiques pourraient expliquer leur répartition dans deux niches écologiques différentes, L. Chuni étant capable de puiser l’hydrogène sulfuré plus en profondeur que Ch. Regab qui reste en surface. Par ailleurs, ces espèces abritent chacune un symbiote différent, mais des échanges sont possibles entre hôtes coexistant dans les mêmes agrégats. Dans le bassin de Guaymas, trois espèces ont été observées et échantillonnées Calyptogena kilmeri, Calyptogena pacifica et Vesicomya gigas dont les deux dernières sont communes aux sources de fluides froids et sources hydrothermales. Ces espèces semblent également se répartir en fonction des caractéristiques géochimiques de leur environnement. Cette étude a permis de mettre en évidence des différences dans les caractéristiques biologiques et physiologiques entre les espèces vivant en sympatrie, en réponse à l’hétérogénéité de l’environnement. La variabilité des caractéristiques abiotiques (notamment les concentrations en hydrogène sulfuré) semble également expliquer la diversité des espèces à l’échelle régionale, en se superposant à l’effet de la profondeur. En effet, une corrélation significative entre la phylogénie basée sur le gène mitochondrial COI des Vesicomyidae et la profondeur maximum à laquelle ils sont échantillonnés suggère divers événements récurrents de spéciation selon un gradient bathymétrique croissant. Le travail mené au cours de cette thèse montre l’intérêt des études pluridisciplinaires pour comprendre la diversité des espèces symbiotrophiques ainsi que leurs adaptations à leur environnement dans les écosystèmes réducteurs profonds.