Thèse soutenue

Centre, périphérie, conflit et formation de l’État depuis Ménélik II : les crises de et dans l’État éthiopien

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Auteur / Autrice : Jean-Nicolas Bach
Direction : Dominique DarbonChristian Coulon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 24/10/2011
Etablissement(s) : Bordeaux 4
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de science politique (Pessac, Gironde ; 1995-2011)
Jury : Président / Présidente : Bernard Calas
Examinateurs / Examinatrices : Christian Coulon
Rapporteurs / Rapporteuses : François-Xavier Fauvelle, Tobias Hagmann

Résumé

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Cette thèse revient sur les caractéristiques des conflits armés éthiopiens contemporains(nature et manifestations) à partir d’une réflexion sur la trajectoire historique de l’État,héritier de l’empire construit par Ménélik II à la fin du XIXe siècle et dont les frontièresn’ont que peu varié depuis (hormis l’indépendance de l’Érythrée en 1993). L’expérienceimpériale est également à l’origine d’une perception de l’espace politique éthiopien entermes de « centre » et de « périphérie ». Perception qui demeure dominante au sein desétudes éthiopiennes, notamment dans l’étude de conflits perçus comme opposant le« centre » (assimilé à l’« État moderne ») à ses « périphéries » conquises durant la périodeimpériale (assimilées aux « sociétés traditionnelles »). La réflexion est donc construite àpartir de l’articulation des trois grands thèmes suivants : la formation de l’empire et del’État éthiopien, les conflits armés, et le thème centre-périphérie. Le thème centrepériphériese situe en effet au coeur des interprétations de la formation des empires etdes États. Le rapport entre ce deux thèmes (formation de l’État et thème « centrepériphérie») est ici reformulé à partir des notions de « secteur politique central » et de« secteur politique périphérique » (Coulon 1972). L’État est alors défini comme unprocessus historique produit par la formation (formelle, symbolique et cognitive) de cesdeux secteurs politiques central et périphérique. Ces deux secteurs interdépendants, dontles caractéristiques évoluent en fonction des reconfigurations économiques, sociales etpolitiques, sont à comprendre au sein d’un même ensemble produisant l’État éthiopien etson identité, sa nation.Cette thèse analyse donc le rapport entre la formation de ces deux secteurs politiques etles conflits armés en vue d’en offrir une grille de lecture renouvelée et dépassant lalecture dominante opposant le « centre » à ses « périphéries ». L’étude de trois régionsconflictuelles (Érythrée, Gambella, Afar) et de leur rapport à l’État éthiopien font alorsapparaître non plus une, mais trois grandes tendances de conflit (toujoursinterdépendantes et parfois cumulatives), à savoir : le conflit entre les deux secteurspolitiques, le conflit à l’intérieur du secteur politique central, et le conflit à l’intérieur dusecteur politique périphérique. Enfin, ce travail défend l’idée selon laquelle ces conflitsémanent d’une double crise de l’État éthiopien : une crise « de » l’État (remise en cause del’État éthiopien lui-même), et une crise « dans » l’État (remise en cause du régime et dugouvernement éthiopien, mais pas de l’État en lui-même). De cette double crise, héritéede la période impériale et qui éclot lors du Second règne d’Hailé Sélassié (1941-1974),dérivent les conflits éthiopiens contemporains.