Genre et société numérique colonialitaire : effets politiques des usages de l'internet par des organisation de femmes ou féministes en contexte de domination masculine et colonialitaire : les cas de l'Afrique du Sud et du Sénégal
Auteur / Autrice : | Joëlle Sylvie Palmieri |
Direction : | Marion Paoletti, Michel Cahen |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance le 16/12/2011 |
Etablissement(s) : | Bordeaux 4 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de science politique (Pessac, Gironde ; 1995-2011) |
Jury : | Président / Présidente : Marc-Éric Gruénais |
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Payette | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Annie Chéneau-Loquay, Olivier Sagna |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Partant de la volonté de nous libérer de définitions techniques, technicistes ou produites dans la sociologiede l’appropriation sociale des usages des TIC afin de qualifier les usages de l’Internet par des organisations defemmes ou féministes en Afrique, nous avons privilégié dans cette thèse les travaux théoriques portant sur lepatriarcat et sur la colonialité du pouvoir (ensemble des relations sociales caractérisées par la subalternité –hiérarchisation entre dominants et dominés – produite par l’expansion du capitalisme). Ce parti pris nous apermis de poser un cadre d’analyse opératoire ne plaquant pas des analyses théoriques occidentales, sudaméricainesou asiatiques sur l’Afrique. Il a facilité la façon dont nous avons problématisé la relation entredomination masculine et domination liée à la colonialité de pouvoir, que nous avons nommée colonialitaire,dans un contexte de mondialisation et d’hypermodernité. Les manifestations différenciées de cette relation enAfrique du Sud et au Sénégal nous ont aidé à circonscrire le terrain et le contexte à partir desquels lesorganisations de femmes et féministes locales utilisent ou non l’Internet. La confrontation de leursreprésentations avec le cadre conceptuel est devenue informative et s’est avérée indispensable afin de qualifier lapolitisation de leurs usages. Il nous est ainsi apparu que l’Internet cristallise parmi les technologies del’information et de la communication un moyen par lequel la « société de l’information » est le produit comme laproduction d’une mondialisation hypermoderne où la colonialité du pouvoir et le patriarcat, en tant quesystèmes, s’exercent conjointement. Cette conjonction s’exprime par les biais théorique autant qu’empirique.Notamment nous avons observé que l’épistémologie utilisée dans ce cadre renoue avec des constructionstraditionnalistes, nationalistes, paternalistes et masculinistes des savoirs en écho à ce que permet cet outil :l’accélération de l’appropriation du corps des femmes, la surenchère rhétorique et politique des dominants,l’institutionnalisation des concepts, l’occidentalisation des pensées, les privatisations en tous secteurs, lesconcurrences croisées de l’Occident, l’Extrême et le Moyen-Orient sur les terrains tant économique, politiqueque socioculturel, religieux. Il est alors apparu que les inégalités de genre s’aggravent en même temps que lesidentités sexuelles à tous les niveaux (État, institutions, population) deviennent souterraines et que les rapportsdifférenciés de « race » et de classe se creusent. Fort de ce constat, nos analyses nous ont mené à réaliser que lesfemmes de « la base » se retrouvent en situation d’accentuer la prise en charge immédiate de la gestion del’urgence (augmentation de la pauvreté, des violences, diminution de l’accès aux ressources, à la santé, àl’éducation…), parfois d’accepter leur subalternité tout en la négociant auprès des dominants. Aussi, peu à peu,