Baudelaire et la nouvelle poésie chinoise
Auteur / Autrice : | Ya Wen |
Direction : | Éric Benoit, Qinggang Du |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littératures française, francophones et comparées |
Date : | Soutenance en 2011 |
Etablissement(s) : | Bordeaux 3 en cotutelle avec Université de Wuhan (Chine) |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Baudelaire est un grand poète français du XIXe siècle. Son seul recueil de poème Les Fleur du Mal exerce une influence importante sur la poésie du monde entier. Ses thèmes audacieux et ses théories originales apportent à la poésie l’esprit de modernité. En Chine, nous pouvons toujours voir les traces baudelairiennes dans la Nouvelle Poésie à ses différentes périodes. Notre thèse vise à mener une recherche systématique et complète sur cette influence. La thèse se compose de trois parties. Dans la première partie, nous avons établi l’état complet de la réception de Baudelaire en Chine et montré en annexes d’une manière plus complète les informations sur la traduction et l’interprétation de Baudelaire depuis son introduction en Chine. Le travail de la collecte des documents lui-même représente l’étape fondamentale pour une étude comparatiste. À l’appui de ces matières, nous avons illustré respectivement les caractéristiques de chaque période en apportant des analyses sur l’acte de la réception. La réception de Baudelaire en Chine a connu un parcours relativement sinueux, ce parcours illustre l’évolution des conceptions chez les critiques chinois et reflète la complexité du contexte social de la réception. Dans les années 20 et 30, les Chinois ont témoigné d’un grand intérêt vers ce grand poète français et l’ont introduit avec frénésie. Dans les années 40 vers la fin des années 70, pour cause politique, le travail de la réception de Baudelaire se trouvait dans une situation relativement stagnante. L’introduction de Baudelaire en Chine est devenue même problématique. Depuis les années 80, grâce à un environnement culturel favorable, les traductions et les critiques sur Baudelaire connaissent un développement sans précédent. De nos jours, on dispose de versions satisfaisantes des Fleurs du Mal, du Spleen de Paris, et de certains articles tirés des œuvres critiques de Baudelaire ; les critiques touchent déjà presque tous les aspects de Baudelaire, mais nous attendons toujours une monographie traitant systématiquement ce sujet. Le deuxième chapitre s’est concentré sur les aspects baudelairiens qui intéressent le monde poétique chinois. Nous avons travaillé les quatre thèmes récurrents dans les œuvres de Baudelaire : « Le spleen », « La grande ville moderne », « La femme » et « La mort ». Si les poètes chinois traitent les mêmes sujets, il ne s’agit pas d’une simple imitation, c’est qu’ils y voient une nouvelle possibilité d’exprimer les sentiments réels. Nous pouvons remarquer que dans le traitement des mêmes sujets il existe aussi des divergences entre Baudelaire et les poètes chinois, c’est un phénomène très intéressant qui peut être expliqué à la fois par le contexte social et idéologique. Ensuite nous avons envisagé dans trois perspectives l’influence des théories poétiques de Baudelaire sur la Nouvelle Poésie chinosie : la notion de « la poésie pure », l’idée d’«extraire la beauté du Mal » et la fameuse théorie des correspondances. À la fin du chapitre, nous avons réservé une place spéciale à l’étude de Liang Zongdai et à sa contribution à l’art symboliste car Liang est l’un des poètes-critiques chinois qui avait une compréhension profonde et précise de la poétique baudelairienne tout en éprouvant une haute appréciation envers ce grand poète français. À ses yeux, Baudelaire est un grand modèle pour tous les poètes. En même temps, nous constatons qu’il existe quelques points similaires entre Baudelaire et Liang : le respect de la tradition, la prépondérance accordée à la forme, l’importance de la musicalité et le rôle d’un critique artistique etc. Dans la troisième partie, nous nous sommes centrée sur les cas particuliers, notre étude porte sur les poètes qui ont, plus nettement que d’autres, reçu l’influence de Baudelaire : le symboliste Li Jinfa, le moderniste Dai Wangshu et le poète d’aujourd’hui Bai Hua. Li Jinfa est surnommé « Baudelaire de l’Orient », Les Fleurs du Mal était son livre de chevet lors de son séjour en France. Son œuvre est teinté d’une couleur spleenétique et parsemée des mots et des thèmes préférés de Baudelaire. Mais les critiques chinois ont souvent formulé des opinions méprisantes sur la poétique de Li Jinfa en disant qu’il s’agit d’une imitation maladroite de Baudelaire. Nous avons inspecté sa conception du Mal, sa conscience de l’identité de poète et ses thèmes similaires pour montrer que l’emprunt de Baudelaire chez Li Jinfa, au lieu du simple plagiat, confine à une sorte de pastiche d’admiration motivée par une impulsion inhérente de la création. Dai Wangshu, l’un des plus importants poètes chinois du XXe siècle, fut le premier à publier le recueil traduit des Fleurs du Mal. Il considère la traduction de Baudelaire comme une sorte d’expérimentation pour voir à quel degré il pourrait garder la forme pure et exquise de la poésie baudelairienne en la traduisant en chinois. En même temps il voulut introduire aux lecteurs chinois un grand poète français moderne et spécial. La tonalité du spleen dans les œuvres de Baudelaire et de Dai moderne et spécial. La tonalité du spleen dans les œuvres de Baudelaire et de Dai Wangshu s’explique non simplement par leurs expériences pénibles vécues dans la vie ; mais aussi par le tempérament inhérent et profond d’un vrai poète. Fragiles, sensibles et mélancoliques, les poètes de deux parts goûtent la saveur amère de la vie, chantent leur aspiration vers le beau et l’Idéal, expriment leur esprit perpétuel de révolte. Mais il existe aussi des points divergents dans l’idéologie poétique des deux poètes. « Le spleen » de Baudelaire s’oppose à « l’Idéal » ; étant chrétien, la foi en Dieu lui fait croire en l’existence de l’Idéal et il a montré un esprit de révolte beaucoup plus fort. « Le spleen » de Dai Wangshu est à son tour étroitement lié à la réalité ; Dai Wangshu n’est pas religieux, il ne croit pas qu’il existe quelqu’un qui puisse le sauver. Ses vers révèlent ainsi un profond pessimisme. L’étude sur Bai Hua représente une autre approche de réception. L’influence de Baudelaire exercée sur ce poète chinois contemporain ne se révèle plus dans la représentation du texte, mais dans la totalité de son esprit et de sa création poétique. Ce qui attire Bai Hua chez Baudelaire, c’est non seulement les pièces extraordinaires, mais aussi toute la personnalité particulaire du poète lui-même : sensible, fragile, subtil, à la fois fidèle et rebelle. Fidèle à son idéal du beau, rebelle à la routine dépassée, Baudelaire inspire profondément la création de Bai Hua. Dans ce chapitre, l’accent ne s’est pas mis sur l’analyse du texte, mais sur la formation de la conception poétique chez Bai Hua sous l’influence de Baudelaire.