Voir le monde en couleurs : sociologie de l’ethnicité et de la construction de soi dans les collèges ségrégués.
Auteur / Autrice : | Barbara Fouquet-Chauprade |
Direction : | Georges Felouzis |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 21/10/2011 |
Etablissement(s) : | Bordeaux 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences sociales : société, santé, décision (Bordeaux ; 1999-2011) |
Jury : | Président / Présidente : Joël Zaffran |
Examinateurs / Examinatrices : Marcel Crahay | |
Rapporteur / Rapporteuse : Françoise Lorcerie, Agnès Van Zanten |
Résumé
Partant du constat du faible nombre de travaux portant sur la question ethnique à l’école, nous nous attachons à analyser le phénomène d’ethnicisation des rapports sociaux au collège. Le défi réside dans l’analyse et la compréhension de cette ethnicisation à partir d’une méthodologie quantitative. Nous interrogeons les conséquences de la ségrégation sur la subjectivité des élèves. Il s’agit de se placer du point de vue des collégiens, pour comprendre de quelle façon ils voient le monde qui les entoure, rendre compte des phénomènes de saillance et de catégorisation ethnique. Nous étudions la façon dont se construisent et se meuvent les frontières ethniques et comment elles se superposent ou pas aux frontières sociales. Notre approche consiste à appréhender les mécanismes de production des identités ethniques. Nous faisons l’hypothèse qu’ils s’expliquent en partie au moins par le contexte scolaire ségrégué. Pour ce faire, nous avons élaboré un questionnaire qui a été administré à plus de 1300 élèves scolarisés dans six collèges parmi les plus ségrégués de Bordeaux et de Créteil. Ce matériau se complète de 200 questionnaires passés auprès de familles. Nous cherchons donc à étudier les conséquences de la ségrégation ethnique au collège sur la construction de soi et le rapport à soi et à l’institution scolaire des collégiens. Nous faisons aussi l’hypothèse que la construction de soi en fonction de catégories ethniques n’est pas un processus uniquement lié à la ségrégation. Elle dépend de l’ensemble des acteurs de l’école. Ceci amène donc à se questionner sur ses modalités de variation en fonction des contextes diversifiés liés au degré de ségrégation (ethnique, sociale et scolaire notamment), des politiques d’établissements mises en œuvre et de l’action des élèves eux-mêmes. Nous montrons que ceux-ci ne sont pas totalement dominés par leurs appartenances sociales et ethniques, ils opèrent un travail de redéfinition identitaire qui leur permet de « retourner le stigmate ».