Thèse soutenue

Devenir et rester capoeiriste en europe : transmissions interculturelles et 'mondialité' de la capoeira afro-brésilienne
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Auteur / Autrice : Monica Aceti
Direction : Gilles Vieille MarchisetJean-François Loudcher
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 30/11/2011
Etablissement(s) : Besançon
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Langages, Espaces, Temps, Sociétés (Besançon ; 1991-2016)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de Sociologie et d'Anthropologie (Besançon)
Jury : Président / Présidente : Fabien Ohl
Examinateurs / Examinatrices : Gilles Vieille Marchiset, Jean-François Loudcher, Fabien Ohl, Bruno Péquignot, Marie-Carmen Garcia
Rapporteurs / Rapporteuses : Bruno Péquignot

Résumé

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La diffusion de la capoeira brésilienne dans le monde est portée par la mobilité croissante des acteurs de sa transmission entre le Brésil et l’Europe, ainsi que par les possibilités de circulations informationnelles actuelles (YouTube, Internet). La roda (ronde) de capoeira se présente comme un espace d’expressions plurielles d’individualités « encerclées ». Le contrôle du groupe et du maître, par égard à une « tradition » et des « fondements », s’exercent sur des corps qui performent une danse-lutte et s’inversent — mains contre sol et pieds au ciel — de façon parfois ludique à en devenir subversive vis-à-vis de l’efficacité sportive. Dans ce travail par analyse d’entretiens (N=134) et observation participante dans des terrains multi-situés en Europe et au Brésil, nous nous sommes appliquée à comprendre comment les carrières des capoeiristes se fabriquent en Europe. Dans une perspective interactionniste et enracinée, nous avons remarqué que le mythe du métissage de Gilberto Freyre trouve une deuxième vie à l’« extérieur ». Derrière ce masque, un premier modèle typologique (les micro-firmes) révèle une organisation libérale marchande et patriarcale. Ces structures forment désormais les membres les plus méritants de leur rang au « métier » de capoeiriste et les reconnaissent au titre de professeur.e.s, contremaître.sse et récemment de maître. D’une activité marginale et exotique — ce bien culturel immatériel récemment reconnu au titre de patrimoine brésilien — est désormais le théâtre de tensions marchandes et d’enjeux territoriaux. Certain.e.s se font une « place », en réglant leurs comptes à coups de gancho (coups de pied retournés), d’autres se spécialisent dans les animations socioculturelles et quelques-un.e.s entrent en résistance : negaça (position d’esquive dite du déni), malandragem (roublardise) et jongleries diplomatiques, tels sont les outils que ces capoeiristes « dissidents » (deuxième typologie) ont acquis au cours de leur socialisation aux accents néopatrimoniaux. D’autres encore se réunissent à l’occasion de rodas d’échanges auto-organisées et participatives, en créant localement leurs terreiros (places) de capoeira. On assiste à un processus de déterritorialisation du patrimoine brésilien qui parallèlement donne à lire des formes de relation interculturelles de « mondialité » en référence à Édouard Glissant. Ainsi, cette étude fait apparaître que la mondialisation de la capoeira ne conduit ni à une mac’homogénéisation, ni à sa « décaractérisation », mais à la plurivocité des façons d’être et d’agir de femmes et d’hommes capoeiristes selon trois modèles typologiques : les micro-firmes patriarcales, les groupes dissidents néopatrimoniaux et les réseaux d’échanges ludiques participatifs