S'ajuster, interpréter et qualifier une pratique culturelle : Approche communicationnelle de la visite muséale
Auteur / Autrice : | Camille Jutant |
Direction : | Yves Jeanneret, Bernard Schiele |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'information et de la communication |
Date : | Soutenance le 18/11/2011 |
Etablissement(s) : | Avignon en cotutelle avec Université du Québec à Montréal |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Culture et patrimoine (Avignon) |
Jury : | Président / Présidente : Anik Meunier |
Examinateurs / Examinatrices : Bernard Schiele, Jean Davallon, Annie Gentès, Anne Krebs | |
Rapporteur / Rapporteuse : Anik Meunier, Joëlle Le Marec |
Mots clés
Résumé
La thèse contribue à comprendre le rapport qui peut s’établir entre expérience spécifique de la culture et relation à la culture, dans le cas particulier de la visite muséale. C’est la notion d’ajustement qui est proposée pour rendre compte de ce rapport. Celle-ci désigne un régime d’interaction au cours duquel, l’acteur social s’engage dans un corps-à-corps avec un dispositif de communication et interprète la situation en mobilisant des représentations de cette situation et de son rôle de visiteur. Aussi la première partie montre – grâce à un détour par les théories de l’ethnométhodologie, des représentations sociales et de l’interaction médiatisée – comment le cadre méthodologique de la thèse a été construit pour appréhender la pratique du visiteur en train de se déployer. Deux terrains ont été choisis pour cette analyse : une exposition temporaire, dans les salles du musée du Louvre, qui engage une situation postulée comme une expérience de visite ; et un jeu pédagogique sur téléphone portable, mené dans les salles du musée des arts et métiers, qui ébranle, précisément, ce prérequis. La deuxième partie présente ainsi une analyse qui met en regard l’étude de la préfiguration des situations de communication par les dispositifs pour chacun des terrains, et la dynamique de leur redéfinition par les visiteurs, dans un ajustement progressif. L’exemple du texte, en tant qu’il est un opérateur de médiation aux objets et aux savoirs, permet de voir comment le visiteur s’ajuste à une double anticipation (l’activité de lecture et l’activité de visite), dans une tension entre la caractérisation de ses postures de lecture, la retextualisation des propositions et la reformulation permanente du projet général de la visite. La troisième partie consiste alors à regarder comment le visiteur caractérise la situation qu’il est en train de vivre, non plus seulement à partir de son expérience de lecture, mais à partir de sa compréhension de son activité générale de visite. On observe alors que les visiteurs vivent profondément une situation d’interaction médiatisée, c'est-à-dire qu’à la fois ils postulent une forme de dialogue avec un concepteur qui leur « parle » et en même temps ils identifient en permanence le geste expographique qui consiste à mettre en scène un espace. Cette situation est vécue dans un jeu d’attention très forte aux caractéristiques sémiotiques de l’exposition et de suspension volontaire de l’incrédulité. Pour terminer, l’analyse a permis de mettre au jour trois formes d’ajustement caractéristiques : (1) la mobilisation et construction de figures de parcours et de figures de visiteurs qui médiatisent le rapport de l’acteur à sa propre pratique et qui lui permettent de juger la situation de communication qu’il est en train de vivre. (2) La prise de rôle qui s’élabore à partir de la nécessité de trouver un cadre pertinent d’interprétation pour l’activité. (3) Et enfin, le jeu entre description de l’activité et cadre général d’interprétation qui permet au visiteur de construire un rapport plus général à la culture.