Thèse soutenue

Evaluation de la mise en place des réseaux du langage chez le nouveau-né prématuré : étude électro-hémodynamique par enregistrements électroencéphalographiques (EEG) et de spectroscopie proche de l'infrarouge fonctionnelle (fSPIR)

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Auteur / Autrice : Mahdi Mahmoudzadeh
Direction : Fabrice Wallois
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie - santé. Neurosciences. Ingénierie biomédicale
Date : Soutenance en 2011
Etablissement(s) : Amiens

Mots clés

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Résumé

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Le langage est une fonction sociale essentielle chez l'homme. Le langage est-il génétiquement codé chez l’homme? Peut-on détecter des troubles du langage pendant la phase précoce du développement? Ces remarques primordiales soulèvent deux types de questions. (i) Dans quelle mesure le nouveau-né est prédisposé à apprendre le langage, et dans quelle mesure les circuits neuronaux implicites sont ''précâblés'' pour traiter les informations langagière dans les phases précoces du développement. Nous avons utilisé deux approches complémentaires pour répondre à ces questions. La première approche a été d'essayer d’identifier les corrélats neuraux des capacités de traitement du langage très tôt au cours du développement (nouveau-né prématuré), avant que l'expérience ou l’exposition au langage puisse être soupçonné d'avoir participé à une spécialisation corticale. La seconde approche se réfère à l’identification des régions spécifiques du cortex, cruciales pour le traitement des informations langagières à cette période du développement. (ii) Si nous possédons une meilleure compréhension des mécanismes à l’origine des troubles du langage dès la petite enfance, alors nous sommes dans une meilleure position pour concevoir des stratégies thérapeutiques ciblées sur des mécanismes étiologiques, plutôt que d’être obligé d’utiliser des traitements symptomatiques. Un des intérêts majeurs cliniques de cette étude est de détecter des anomalies fonctionnelles cérébrales à un stade précoce du développement pour éventuellement mieux définir une prise en charge appropriée, permettant de prévenir les processus pathologiques responsables de dysfonctionnements qui peuvent s’avérer irréversibles. Dans cette thèse, des recherches préliminaires ont été menées pour optimiser les outils d’acquisition (instrumentation et sondes optiques) qui ont ensuite été utilisés dans différents contextes expérimentaux et cliniques. Des mesures continues ont été réalisées durant le sommeil chez des nouveau-nés prématurés (28-32 semaines d’Age Gestationnel, AG) sains et présentant une hémorragie intra ventriculaire (IVH grade III et IV) à l'aide de l’imagerie fonctionnelle en spectroscopie dans le proche infrarouge (fNIRS ou fSPIR) et en conjonction avec l'électroencéphalographie (EEG). Nous avons montré que le cerveau prématuré était capable de discriminer un changement de phonèmes (ba vs ga) et un changement de voix (masculin féminin VS). La dynamique des réponses révèle un réseau structuré évoluent différemment dans le temps et l'espace (zones temporales et frontales lobes, hémisphères gauche et droit). L’HIV constitue l’une des pathologies intracrânienne les plus fréquents en période néonatale et est liée presque exclusivement à la notion de prématurité. Une faible oxygénation artérielle et un débit sanguin cérébral anormal sont censés affecter le fonctionnement normal du cerveau chez le nouveau-né. L'étude que nous avons menée avait pour but d'étudier l'impact de l’HIV sur les réponses hémodynamiques locales aux stimuli auditif. Alors que l'EEG met en évidence un réseau neuronal du langage fonctionnel, la fNIRS met en évidence des réponses hémodynamiques diminuées voire inexistantes. Ceci suggère une altération du couplage neurovasculaire en cas d’IVH. La fNIRS pourrait ainsi être une technique d'imagerie optique permettant de détecter précocement des altérations fonctionnelles de l'hémodynamique locale dans des contextes d’activations fonctionnelles. Dans la mesure où le développement cérébral, tant fonctionnel que structurel, est un processus dynamique, il est nécessaire d’étudier comment les facteurs génétiques et environnementaux interagissent pour influencer le développement des capacités langagière chez le nouveau-né. Nos résultats démontrent que certaines régions corticales, critiques pour l'acquisition et le traitement du langage, contiennent à un stade très précoce du développement des représentations linguistiques innées, spécifiques. En outre, les approches que nous avons développé pourraient permettre de réaliser des diagnostics précoces des altérations du couplage neurovasculaire qui pourraient, chez les prématurés présentant des HIV être à l’origine des troubles des apprentissages observés plus tard au cours du développement dans cette population d’enfants à risque.