Thèse soutenue

Le motif de la lumière dans l'oeuvre poétique de Verlaine

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Auteur / Autrice : Moncef Kadhi
Direction : Claude-Pierre Perez
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue et littérature françaises
Date : Soutenance le 09/12/2011
Etablissement(s) : Aix-Marseille 1
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale Langues, Lettres et Arts (Aix-en-Provence)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre interdisciplinaire d'étude des littératures (Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Claude-Pierre Perez, Joëlle Gardes, Michèle Monte, Philippe Jousset
Rapporteurs / Rapporteuses : Joëlle Gardes, Michèle Monte

Résumé

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Cette thèse consiste à étudier le motif de la lumière dans l’œuvre poétique de Verlaine. La notion de motif dans la perspective thématique que nous avons adoptée et qui est définie principalement par Jean-Pierre Richard dans L’univers imaginaire de Mallarmé et dans Microlectures s’étend à un ensemble de termes qui, de par leur sens et leur référence, entretiennent entre eux des rapports variés et assurent à une œuvre sa cohésion. Ces termes, tout en renvoyant à une même notion, en l’occurrence la lumière, se métamorphosent au fil du texte et apparaissent sous des formes variées. Nous nous sommes fixés pour objectif de les repérer et d’étudier leur variation et leurs fonctions. Le poète adopte face à la réalité une attitude négative se caractérisant par le repliement sur soi et l’abandon. L’espace chez lui qu’il soit ouvert ou fermé est oppressant et le temps, associé souvent au passé, est synonyme de perte et de déception. De nombreux poèmes, surtout au début de l’œuvre, reflètent cette impression d’inertie et de défaillance. Mais malgré la forte présence lyrique, l’expression toujours suggestive ne se laisse pas dominer par le discours. A cette négativité, le poète associe la noirceur. Toutes les lumières dans ces poèmes sont sombres ou faibles. Les occurrences qui relèvent de cette tonalité sont de loin les plus nombreuses. Leur mise en œuvre et leur fréquence témoigne de l’importance que Verlaine accorde à l’esthétique. Mais le lyrisme de Verlaine est aussi celui de la célébration. La plus grande partie de son œuvre est composée de portraits et d’autoportraits. Dans cet ensemble où sont célébrés Dieu, les héros, les femmes, etc. Verlaine choisit l’envers de la discrétion. Il emploie des procédés qui favorisent l’exagération. Les portraits idéalisés sont sa manière de manifester sa quête d’altérité. L’expression exagérée caractéristique de ces poèmes engage des lumières fortes, lumineuses, blanches…Mais dans un certain nombre de poèmes, Verlaine rompt entièrement avec tout héritage poétique et a écrit une poésie qui tente de saisir la réalité dans sa fuite et dans sa métamorphose. Il adopte une voie intermédiaire qui soumet le langage aux exigences de l’artiste. Certaines lumières elles-mêmes changeantes et indéterminées peuvent en effet répondre à ce besoin. Ce besoin d’interroger le langage est en réalité commun aux poètes de la deuxième moitié du XIXème siècle. L’époque se caractérise par une évolution des goûts et des idées, mais aussi par un sentiment d’inquiétude face à la modernité naissante. Cette évolution et ce malaise sont perceptibles chez Verlaine. Celui-ci atteste de sa modernité en plaçant son art sur la frontière de ce qui est dit et de ce qui est tout simplement suggéré. L’existence de cet art dépend en fait de la complicité qui s’instaure par-delà les mots entre le poète et le lecteur. Si Verlaine semble gagner le pari d’une réception large, c’est grâce à cette poétique de l’indétermination et de la suggestion.