Thèse de doctorat en Histoire contemporaine
Sous la direction de Guy Pervillé et de Ḥabīb al- Qazdaġlī.
Soutenue en 2010
à Toulouse 2 en cotutelle avec l'Université de Tunis .
Suite à la conquête d’Alger par les Français en 1830 et au fur à mesure des extensions territoriales effectuées par l'armée française dans les différentes régions, beaucoup d'Algériens prennent la route de l'exil dans plusieurs directions. La Régence de Tunis étant le pays le plus proche allait accueillir et sur plusieurs étapes des convois humains en provenance des différentes régions algériennes. Nous proposons étudier à travers cette recherche le parcours de ces Algériens en Tunisie durant la période allant de 1871 à 1962. Leur statut va connaître des évolutions et des mutations. Notre hypothèse est que ces Algériens qui se présentaient au départ dans un comportement strictement communautaire allaient connaître des mutations sociales et politiques et devenir de plus en plus attentifs et réceptifs par rapport aux courants qui traversaient le pays d'accueil. Ce phénomène déjà perceptible au cours de la période des années trente va prendre de l'ampleur au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et surtout suite au déclenchement de la guerre d'Algérie. Cependant, il faut reconnaître que ce passage du communautarisme au nationalisme n'a pas été un mouvement linéaire et ne s'est pas fait en un seul jour et n'a pas concerné tout le monde en même temps. Il s'agit d'un processus identitaire compliqué et variable, il va durer le temps qu'un individu entame une mutation à partir de sa position « de membre d'une communauté », pour « se décommunautariser » et se sentir enfin, impliqué dans « le projet nationaliste ». Les acteurs n'ont pas traversé ces trois étapes avec la même vitesse pour nous présenter parfois des situations singulières. Notre recherche tentera de reconstituer à travers deux grandes périodes, le parcours des Algériens en Tunisie, d'étudier leurs modes d'organisation dans l'exil, les rapports qu'ils vont tisser entre eux et les rapports qu'ils vont avoir avec leur pays. Il sera également question de leurs rapports avec la société du pays d'accueil, la Tunisie, qui va connaître elle aussi les réalités coloniales. Ils ont fui la France en Algérie pour la retrouver de nouveau en Tunisie.
Algerians in Tunisia from 1871 to 1962 : the move from community to nationalism
Following the conquest of Algiers by the French in 1830, and in the course of the territorial expansion carried out by the French army in various regions, many natives of Algeria headed out in several directions into exile. Being the nearest country, the Regency of Tunis was to receive several waves of human convoys coming from various Algerian regions. This research aims to study the path of those Algerians in Tunis during the period 1871-1962. Their status was to undergo developments and changes. Our hypothesis is that those Algerians who initially displayed a strictly community-based behaviour were to undergo social and political changes that would make them more attentive and receptive to the currents present in the host country. This phenomenon, which was already perceptible during the 1930s, was to become more distinct immediately following the Second World War, and especially following the outbreak of the Algerian war. However, it should be noted that this move from a focus on community to nationalism was not a linear movement, was not completed in a single day and did not involve everybody at the same time. It was a question of a complicated and variable identity process, one which lasted as long as it took an individual to undergo a change from his position of "member of a community", to "de-communitise" himself, and to finally feel involved in the "nationalist project". Actors did not pass through these three stages at the same speed, sometimes presenting us with quite particular situations. Our research will attempt to reconstruct the path of the Algerians in Tunis through two great periods, to study their modes of organisation in exile, the relationships they were to build between themselves, and the relations they were to have with their own country. We will also examine the question of their relationships with their host country, Tunisia, which itself was to experience the realities of colonialism. They fled France in Algeria, only to find it once more in Tunisia.