Thèse soutenue

Etude du mécanisme d'action du phosphopeptide P140 : un modulateur de la réponse autoimmune dans le lupus

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Auteur / Autrice : Nicolas Page
Direction : Sylviane Muller
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Immunologie
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Strasbourg

Mots clés

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Résumé

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Le lupus érythémateux disséminé est une maladie inflammatoire chronique caractérisée par une perte de la tolérance au soi et une hyperprolifération des lymphocytes B autoréactifs impliqués dans la production d’autoanticorps. Des complexes immuns contenant ces anticorps et des éléments du soi sont notamment responsables du dysfonctionnement de différents organes dont les plus fréquemment touchés sont les reins. Aujourd'hui, les différentes approches utilisées dans le traitement du lupus sont basées sur une immunosuppression globale souvent accompagnée d'effets secondaires non désirables. Pour contourner ce problème, le laboratoire a développé un peptide tolérogène nommé P140, capable d'immunomoduler la réponse autoimmune et retarder le développement des symptômes dans les souris lupiques MRL/lpr, sans toutefois affaiblir la réponse immune dans sa globalité. Ce peptide, correspondant à la séquence 131-151 de la protéine du splicéosome U1-70K, est phosphorylé sur le résidu Ser140. Les résultats des essais cliniques de phases IIa et IIb chez des patients atteints de lupus sont encourageants et un essai clinique de phase III débutera prochainement. Afin de comprendre les processus sous-jacents de déviation de la réponse autoimmune observée avec le peptide P140, nous avons entrepris au cours de ce travail une analyse des mécanismes cellulaires et moléculaires affectés par ce peptide. Par une analyse protéomique, nous avons identifié un récepteur unique et inattendu du peptide P140, la protéine de choc thermique HSC70. L'effet bénéfique du peptide a alors été disséqué à deux niveaux. Tout d'abord, des études structure-fonction de séries d’analogues du peptide P140 vis-à-vis d’HSC70 ont été entreprises et l'impact fonctionnel du peptide sur les complexes protéique renfermant HSC70 a été appréhendé notamment par une étude de stabilité/expression des molécules du CMH II et de certaines co-chaperones. Ensuite, nous avons démontré qu'après sa liaison à la protéine HSC70, le peptide P140 corrige l’hypercellularité périphérique des souris MRL/lpr, conséquence de l'inactivation de la voie apoptotique Fas dans ces souris. Pour expliquer cette régulation de l'homéostase cellulaire par le peptide P140, deux mécanismes indépendants ont été envisagés. Le premier fait intervenir les lymphocytes T γδ cytotoxiques, une sous-population particulière de lymphocytes T connue pour sa réactivité vis-à-vis de ligands phosphorylés, et le second met en avant un rôle inhibiteur du peptide P140 sur la présentation de peptides par les molécules du CMH de classe II.