Thèse de doctorat en Physiologie et biologie des organismes, populations, interactions
Sous la direction de Odile Petit et de Jean-Patrice Robin.
Soutenue en 2010
à Strasbourg .
Le compromis entre le risque de jeûne et de prédation est un compromis majeur chez les oiseaux. Il prédit que les oiseaux devraient maintenir une masse corporelle plus faible lorsque le risque de prédation est élevé afin de le limiter. Cependant, les principaux résultats qui soutiennent ce compromis proviennent d’études sur des passereaux de petite taille ayant peu de réserves énergétiques. De plus, l’étude de ce compromis se limite généralement à une approche énergétique. Ainsi, l’objectif principal de cette étude expérimentale était de généraliser cette théorie en vérifiant si elle peut s’appliquer à des espèces de grande taille (anatidés) ayant une régulation des réserves énergétiques différente des passereaux. D’autre part, l’impact d’un risque de prédation élevé a été pris en compte sur un plus grand nombre de facteurs et à différents niveaux d’intégration pour mieux comprendre les ajustements mis en jeu. Ainsi, les variations de masse corporelle, des réserves énergétiques, de la consommation alimentaire, d’hormones liées au stress et sexuelles, de facteurs immunitaires et du budget temps ont été mesurées. Les effets à long terme sur le succès reproducteur ont également été déterminés. Nous avons montré que le compromis entre les risques de jeûne et de prédation s’applique chez les 3 espèces de canards considérées. Il apparaît que, dans nos conditions un risque de prédation élevé durant l’hivernage n’a pas d’effet à long terme sur le succès reproducteur. Enfin, nous avons mis en évidence que des ajustements physiologiques et comportementaux complexes, et pas seulement énergétiques, sont mis en place pour répondre efficacement à l’augmentation du risque de prédation.
Impact of disturbance on energy balance, behaviour and reproduction of Anatidae : Generalisation of the starvation-predation risk trade-off
A major trade-off birds have to deal with is the one related to the starvation-predation risk. This trade-off predicts that, to limit effects of risk, birds should maintain their body mass as low as possible when predation risk is high. However, the main results on that trade-off only come from studies on small passerines birds having a low level of body reserves. Moreover, such studies are generally limited to an energetic approach. Thus, the main aim of this study was to generalize this theory by checking whether it may apply to large species that developed different body reserves management strategies than passerines. In addition, this work takes into account the effect of a high predation risk on a greater number of factors and at different integrative levels to have a better understanding of the underlying adjustments. To do so, predation risk was experimentally increased in three ducks species which body mass and body reserves are at least three times higher than in the largest passerines. Body mass, body reserves, food intake, stress and sexual hormones, immune factors and time-budget variations were measured. Long-term effects on reproductive success were also assessed. We showed that the starvation-predation risk trade-off applies to ducks and may probably be extended to all bird species. Moreover, it appears that, in our conditions, an elevated predation risk during the wintering period did not have long-term negative effect on ducks’ reproductive success. Finally, we highlighted that advantageous complex physiological and behavioural adjustments (not only directly based on energetics) occurred in order to respond efficiently to the increase in predation risk.