Thèse soutenue

Formation de complexes moléculaires hydratés appliquée aux sciences planétaires

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Auteur / Autrice : Audrey Moudens
Direction : Robert GeorgesOlivier Mousis
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physique
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Rennes 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la matière (Rennes1996-2016)
Partenaire(s) de recherche : Autre partenaire : Université européenne de Bretagne (2007-2016)

Résumé

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Les clathrates hydrates sont des structures cristallines formées de cages de molécules d’eau reliées entre elles par liaison hydrogène et qui piègent en leur centre une molécule de gaz appelée molécule hôte. Leur présence est suspectée à la surface de nombreux corps glacés du système solaire, dont les conditions thermodynamiques semblent favorables à leur stabilité. Nous avons notamment montré par des simulations qu’ils pouvaient se trouver à la surface de Pluton et Triton. Des modèles astrophysiques ont établi par ailleurs que ces structures cristallines ont probablement été incorporées aux planétésimaux à partir desquels les corps planétaires se sont formés au sein de la nébuleuse primitive. Un des objectifs de mon travail a été de valider cette hypothèse. Les conditions de basses températures (10-100K) et basses pressions (105-5-10-44 mbar) régnant dans la nébuleuse primitive ont été reproduites en laboratoire par la mise en détente supersonique d’un mélange de vapeur d’eau et de gaz. La spectroscopie infrarouge par transformée de Fourier par absorption donne accès à la nature et à la dynamique des complexes moléculaires qui se forment dans le jet supersonique. Sous certaines conditions une condensation mixte de molécules d’eau et d’atomes d’argon a été observée. L’interprétation des spectres infrarouges, basée sur des calculs de chimie quantique, a révélé que sur la durée d’une détente typiquement inférieure à 100 µs, ce sont les atomes d’argon qui viennent enrober les molécules d’eau et non l’inverse. Ce résultat ne remet pas forcément en cause la formation de clathrates en jet supersonique, mais montre que des temps plus longs sont nécessaires à un réarrangement des molécules agrégées vers la structure clathrate. Une deuxième étude a été réalisée sur le dispositif Jet-AILES implanté au synchrotron Soleil, à partir d’un mélange gazeux de vapeur d’eau et de CO2. Des complexes hétérogènes (H2O)m-(CO2)n et (CO2)n ont été détectés à haute résolution. Le transport des particules de poussière par le processus de photophorèse au sein de la nébuleuse primitive a également été étudié. Nos simulations ont montré que les particules de poussières parviennent à de larges distances héliocentriques grâce au mécanisme de photophorèse et confirment l’hypothèse de l’accrétion par les comètes des minéraux haute température dans les régions externes de la nébuleuse solaire. Enfin, la spectroscopie infrarouge haute température de l’acétylène, molécule présente dans les enveloppes circumstellaires des étoiles froides carbonées est présentée. La source haute enthalpie réalisée précédemment au laboratoire a permis l’acquisition de spectres haute résolution de l’acétylène entre 800 K et 1455 K. La simulation des spectres à l’aide d’un modèle de transfert radiatif a montré que l’épaisseur optique de l’échantillon sondé était à l’origine d’une altération du rapport d’intensité entre raies ortho et para. Cette anomalie s’est avérée être un moyen efficace pour extraire la densité-colonne de nos échantillons et pourrait être utilisée pour accéder à celles des enveloppes circumstellaires des étoiles froides carbonées.