Le paradis cauchemardesque dans les Caraïbes à travers Canto de Gemido d'Eliseo Altunaga
Auteur / Autrice : | Gélase Koumba |
Direction : | Victorien Lavou |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Etudes ibériques et latino-américaines |
Date : | Soutenance en 2010 |
Etablissement(s) : | Perpignan |
Résumé
Si on veut comprendre l’histoire des Caraïbes, il est difficile sinon impossible de passer sous silence le rôle joué par les différentes figures d’aventuriers de mer, à savoir les pirates, les corsaires, les boucaniers et les flibustiers dans l’invention de cette ”nouvelle région du monde“ (Edouard Glissant). Or, à ce qui nous semble, les historiographies caribéennes, que ce soit dans le domaine anthropologique, sociologique ou politique semblent silencieuses sur cette histoire qui intègre pourtant l’histoire coloniale et impériale (France, Angleterre, Pays Bas). Le roman Canto de gemido (1988) d’Eliseo Altunaga (écrivain noir cubain) dont le référent privilégié est la flibuste au XVIIe siècle exhume l’histoire oubliée de ces aventuriers de mer marginalisés à cette époque par les empires coloniaux dont ils ont pourtant permis la territorialisation en Caraïbes. Toutefois; on peut se demander pourquoi Eliseo Altunaga réactive dans son roman cette mémoire de la flibuste dans les années 1980, une période marquée par l’effondrement de l’Union soviétique son principal partenaire politique et économique et par ce qu’on a désigné ”la Période spéciale”. Dans notre thèse, nous tentons de montrer d’une part, comment ces aventuriers (tout comme les Noirs) ont participé à la structuration de l’identité mouvante de cette « nouvelle région du monde » et d’autre part, nous analysons, en nous servant des outils du structuralisme génétique et, dans une certaine mesure, de la sociocritique telle que formulée par le Professeur Edmond Cros, comment la figuration de la flibuste en Caraïbes au XVIIe siècle, recoupe les enjeux politiques officiels mais aussi ceux liés à la revendication identitaire des Noir-e-s à Cuba. Y affleure aussi dans l’écriture d’Eliseo Altunaga une conscience nettement (afro) caribéenne.