Variabilité génétique des souches virales HBV et HDV circulant dans la région du Sahara en Afrique et étude de la co-spéciation HBV/HDV
Auteur / Autrice : | Mariama Abdou Chekaraou |
Direction : | Paul Deny, Nerville Emmanuel Gordien |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie cellulaire et moléculaire |
Date : | Soutenance en 2010 |
Etablissement(s) : | Paris 13 |
Résumé
L’infection par le virus de l’hépatite B (HBV) constitue en Afrique Subsaharienne un problème de santé publique majeur. Le taux de prévalence de la protéine d’enveloppe du virus, l’antigène HBs (AgHBs) peut atteindre jusqu’à 30% dans certains pays. De plus on estime entre 70 à 100 millions le nombre de porteurs chroniques de l’HBV avec une fréquence de décès annuels de l’ordre de 250 000. Les données concernant l’infection concomitante par le virus de l’hépatite D (HDV) virus satellite de l’HBV, sont très rares car très peu d’études ont été conduites. Les génotypes HBV/E, et l’HBV/A ont été identifiés en Afrique subsaharienne, le génotype D étant cantonné à l’Afrique du Nord. De plus, plusieurs souches recombinantes entre le génotype E et les génotypes, A et D ont aussi été décrit. Concernant l’HDV, 4 génotypes « africains », HDV 5, -6, -7 et -8 ont été caractérisés au laboratoire chez des patients africains immigrés en France, infectés dans leur pays d’origine. Au cours de cette étude nous avons voulu déterminer l’épidémiologie moléculaire des souches HBV et HDV circulant au Niger, et plus généralement dans la région du Sahara (Mali de Mauritanie et du Tchad). Au partir d’une cohorte de donneurs de sang du Niger porteurs de l’AgHBs, nous avons retrouvé que 80% des souches étudiées appartenaient au génotype E. Ces souches présentaient une variabilité génétique significativement plus différente que celle décrite pour les souches HBV/E de la littérature (p<0,005) suggérant une diffusion plus ancienne de l’infection au Niger. De plus, nous avons mis en évidence un nouveau recombinant HBV/D-E entre des souches HBV/D et HBV/E, représentant près de 20% des souches isolées de notre cohorte, présentant des points de cassures précis, situés dans des « points chauds » de recombinaison décrits dans la littérature. Ce recombinant HBV/D-E présentait un taux de divergence dans sa séquence nucléotidique complète de plus de 4% en par rapport aux sous génotypes HBV/D décrits à ce jour. Les analyses phylogénétiques extensives effectuées nous permettent de le classer clairement comme un nouveau sous génotype, nous avons proposé HBV/D8. De même, comme décrits aussi par d’autres équipes, nous avons mis en évidence d’autres recombinants HBV-E/D, à la fois au Niger, mais aussi en Mauritanie avec des profils différents les uns des autres, témoignant de la grande variabilité génétique des souches virales dans la région. En revanche, la prévalence de l’infection Delta au Niger semblait a priori faible. Quatre souches de notre cohorte (7,8%), toutes de génotype HDV-1 ont été isolées. L’étude de la co-spéciation HBV/HDV dans cette région de l’Afrique saharienne (Niger, Mali de Mauritanie et du Tchad) a été entreprise à partir de 82 échantillons de la collection des sérums HDV positifs du laboratoire. Le génotype E était associé à tous les génotypes delta présents HDV-1, -5 et -7. De même, une souche HBV/D était aussi capable de s’associer à l’HDV-1 et -5. Afin de tester si l’enveloppement de HDV par HBV était dépendant ou non des génotypes des souches virales, nous avons mis au point un modèle cellulaire in vitro de co-transfection transitoire de plasmides codant la protéine AgHBs et la grande protéine delta. La méthode de mesure consistait en l’évaluation de la formation de particules pseudo-virales. Les résultats préliminaires obtenus à l’aide de HBV/D co-transfecté avec les génotypes HDV-1, HDV-3, HDV-5 et HDV-6 et HDV-7, montrent que HDV-1, mais pas HDV-5, était enveloppé. Grâce à ce modèle, les études seront poursuivies afin d’analyser la capacité d’enveloppement des différents « génotypes delta africains » par le génotype E.