La voix narrative et ses effets dans l'oeuvre de Marguerite Yourcenar
Auteur / Autrice : | Abdoulaye Diouf |
Direction : | Marie-Anne Paveau, Bruno Blanckeman |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature d'expression française |
Date : | Soutenance en 2010 |
Etablissement(s) : | Paris 13 |
Résumé
L’objectif de cette thèse de doctorat est de montrer, à rebours de certaines déclarations de Marguerite Yourcenar revendiquant la monodie (dans ses romans à la première personne) et la polyphonie (dans certains romans impersonnels), que les premiers sont en réalité polyphoniques et que ceux qui sont dits polyphoniques le sont sur la base d’une conception ordinaire de la notion. Pour cela, on part d’une reproblématisation de la voix narrative qui dépasse la matérialité de la parole du narrateur à laquelle la narratologie « classique » l’a réduite pour envisager le « point de vue » comme voix. C’est pour dire que, métaphoriquement, la voix n’est pas que de la parole; elle est aussi cet état de réflexivité antérieure à l’émission de la parole. En tirant profit des apports de la linguistique énonciative, on montre ensuite que la voix peut se donner à voir sous la forme d’une subjectivité infra-verbale qui ne s’incarne pas dans l’« appareil formel de l’énonciation ». Avec la forte représentation du corps, on montre aussi que le processus énonciatif est une affaire corporelle. Ces trois dimensions – narratologique,linguistique et corporelle – présentent en somme la métaphore de la voix comme un cumul de plusieurs sens dans le roman de Marguerite Yourcenar. Comme la voix y est toujours pensée en rapport avec une conception du sujet et qu’elle est en relation dialogique avec d’autres voix, on donne enfin les effets de sens réel et les effets esthétiques qu’elle cherche à produire.