Thèse soutenue

Les prisonniers de guerre allemands en mains françaises (1944-1949) : captivité en France, rapatriement en Allemagne

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Auteur / Autrice : Fabien Théofilakis
Direction : Annette BeckerAndreas WirschingHenry Rousso
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire contemporaine
Date : Soutenance le 07/12/2010
Etablissement(s) : Paris 10 en cotutelle avec Universität Augsburg
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Espaces, Temps, Cultures (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....)
Jury : Président / Présidente : Philippe Buton
Examinateurs / Examinatrices : Annette Becker, Andreas Wirsching, Henry Rousso, Philippe Buton, Silvia Serena Tschopp, Sarah Fishman, Bernd Wegner
Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Buton, Silvia Serena Tschopp

Résumé

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Entre fin 1944 et fin 1948, près d’un million de prisonniers de guerre allemands a été détenu en France métropolitaine par les nouvelles autorités. Figure honnie de l’occupation allemande et de la défaite nazie, ces soldats de Hitler désormais vaincus deviennent un enjeu majeur de la sortie de guerre, ou plutôt des sorties de guerre, tant les temporalités et les modalités diffèrent, parfois divergent selon les nombreux acteurs. Les autorités du GPRF sont tout de suite confrontées à un gigantesque défi logistique : prendre en charge une masse de prisonniers, alors que la France de la Libération peine à subvenir aux besoins de sa propre population. Or ces prisonniers sont avant tout réclamés et gardés comme une main-d’œuvre pour la reconstruction de la France. De militaire, la captivité allemande en mains françaises devient économique et pose avec urgence le problème de l’entretien de cette force de travail. La sortie hors du camp offre certes des solutions, mais diffuse progressivement la gestion à l’ensemble de la société : employeurs, maires, mais aussi populations locales et opinions publiques entrent en contact avec cette nouvelle présence allemande. Et la « question PGA » de devenir une affaire de politique intérieure qui fait rejouer la diversité discordante des vécus de guerre : où se situe la limite entre le traitement économiquement rentable mais politiquement peu patriotique ? Qui doit être prioritaire dans l’affectation de la main-d’œuvre prisonnière ? Le travail de celle-là doit-il revenir à l’employeur ou bénéficier à l’ensemble de la nation ? Les réponses engagent une certaine idée de la Reconstruction. Cette question du traitement des PGA dépasse le cadre national pour devenir un enjeu des relations franco-américaines de l’après-guerre et de facto de la politique allemande des deux alliés au statut si inégal : 70% des prisonniers gérés par les Français ont été cédés par les Américains qui entendent conserver leur responsabilité de puissance détentrice. Avec la fin du conflit, puis le début de la guerre froide, qui bouleverse les priorités américaines, la gestion des PGA à l’échelle internationale permet d’observer comme le bilatéralisme transatlantique est progressivement intégré dans le cadre européen qui lui impose son calendrier. Comment les Français entendent-ils ainsi répondre aux demandes de libération à partir de 1946 sans contrarier le plan Monnet ?