Thèse soutenue

La mort de Dieu et l’être du langage

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Auteur / Autrice : Florent Jakob
Direction : Didier Franck
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 04/12/2010
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Connaissance, langage, modélisation (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 1992-....)
Jury : Président / Présidente : Robert Damien
Examinateurs / Examinatrices : Didier Franck, Robert Damien, Marc Crépon, Emmanuel Cattin
Rapporteurs / Rapporteuses : Marc Crépon, Emmanuel Cattin

Résumé

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Proclamant la mort de Dieu, Nietzsche annonce l’événement le plus grand. Cet événement excède l’histoire au sein de laquelle il se profère. Revenant sur la genèse de cette annonce, la présente étude s’enquiert de son épuisement pour tenter d’en ouvrir de nouveau la portée. Dès lors, le sens historique lui-même s’y révèle insuffisant, complice tant de son retrait que de son refus. La transvaluation des valeurs pourrait alors bien s’indiquer non seulement comme justice à l’égard de l’événement mais comme dépassement de l’histoire. Mais d’où procède-t-elle et comment accéder à une telle histoire supérieure dès lors que nous nous trouvons héritiers d’une connaissance qui en refuse l’accès et la réception ? C’est ici que Nietzsche élève la philosophie à une dignité nouvelle pour laquelle l’expérience comprise comme altération détermine toute accessibilité. En conférant au sentiment le sens de l’incorporation et la condition de toute réception, il ouvre à l’expérience de nouvelles possibilités philosophiques. C’est l’expérience qui devra ici devenir le domaine d’élaboration de l’héritage et du droit à hériter, la nécessaire dissolution de la connaissance réactive comme le désapprentissage d’un individu grégaire, peureux et défensif par essence. S’il est possible de s’altérer ainsi dans l’expérience, sans devenir un autre ni pourtant rester le même, alors commence à s’éclairer une nouvelle relation à la connaissance qui n’est plus adversative, qui n’appartient plus à la dimension oppositionnelle en laquelle se seront structurées et mêlées la morale et la métaphysique. Partant, la langue n’y serait plus ce seul dépôt de millénaires délires. N’est-ce pas cela qui s’indiquait déjà lorsque mourait le Dieu révélé et que le philosophe l’annonçait. Ici, c’est bien une conception objectivée du langage qui s’est prêtée hier à la révélation comme aujourd'hui à la communication que celui qui se veut philosophe en un sens nouveau tente de déborder.