Thèse soutenue

Bourlingueuses : le voyage au féminin entre les deux guerres (1919-1939)

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Auteur / Autrice : Cécile Berthier-McLaughlin
Direction : Myriam Boucharenc
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Paris 10

Résumé

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Voyager lorsque l’on est une femme de l’Entre-deux-guerres ne va pas de soi. Il faut être capable de s’affirmer dans l’espace médiatique de l’aventure fortement dominé par le masculin. Pourtant, entre 1919 et 1939, nombreuses sont celles qui ont été tentées par le démon du voyage : Ella Maillart, sportive confirmée, Odette du Puigaudeau, dessinatrice de papillons chez Jeanne Lanvin, Titaÿna, égérie de Man Ray et de Cocteau, Andrée Viollis, reporter au Petit Parisien, sans oublier la désormais célèbre Alexandra David-Néel, cantatrice à ses débuts à l'opéra de Hanoi. D’autres ont été des voyageuses-écrivains d’emprunt, troquant leur plume de romancière ou de poétesse contre carnets de route et Leica, comme Lucie Delarue-Mardrus, Marcelle Vioux qui, grâce à l’impulsion des éditions Fasquelle, ont permis d’enrichir ce panorama du voyage au féminin. Envoyées spéciales, voyageuses scientifiques, grands reporters : les statuts sont vastes et rendent compte de la difficulté à trouver une dénomination qui rassemble des parcours si différents. Manquerait-il un mot d’époque pour désigner une catégorie de femmes qui empruntent à la sportive, à la garçonne, mi-professionnelles, mi-sensationnelles, qui sont à la fois des « femmes de lettres », ou au contraire néophytes en matière d’écriture ? Pourtant, par leur éparpillement, ces voyageuses pourraient être le premier symptôme d’une figure à venir, et ironie de l’histoire, qui se fixera au masculin, celle toute cendrarsienne du « bourlingueur ». Le patchwork exotique que tisse Cendrars, allant d’une destination à une autre, dans une quête de soi et de vie permanente, n’est pas sans rappeler le parcours de ces aventurières, présentant à leur tour une « rapsodie » de postures. L’appellation « bourlingueuse », bien qu’anachronique, est pourtant la seule qui puisse désigner une catégorie du bigarré, qu’une époque n’a pas cernée, et que faute de mot pour désigner la chose, la postérité a oublié, à l’exception de quelques figures phares comme Ella Maillart ou encore Alexandra David-Néel.