Les pays du Sud dans le système mondial : polarisation, compromis social, intégration internationale
Auteur / Autrice : | Ahmed Zoubdi |
Direction : | Kṓstas Vergópoulos |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance en 2010 |
Etablissement(s) : | Paris 8 |
Mots clés
Résumé
Le capitalisme réellement existant est un système mondial impérialiste. La polarisation des richesses entre les mains d'une poignée de pays au détriment du reste de la planète a produit deux mondes, l'un dominant, le nord développé et l'autre dominé, le sud sous-développé. L'histoire enseigne que le capitalisme en Occident, dans sa phase mercantiliste, a été centré sur le pillage des richesses des régions encore pré-capitalistes. Ces régions ont constitué pour le capitalisme en gestation des réservoirs de matières premières et de main-d'œuvre. Ce pillage a ôté à ces régions de se doter des possibilités de l'accumulation primitive qui a constitué le centre nerveux dans la formation d'un capitalisme autonome en Occident. Le développement du capitalisme en Europe va connaître des crises périodiques d'écoulement des marchandises et de valorisation des capitaux. Ce capitalisme des monopoles va se tourner vers les pays colonisés pour une issue à ses crises où le firmes multinationales vont constituer le vecteur principal dans ces opérations. L'émergence du tiers-monde au lendemain de la décolonisation a donné lieu aux revendications de ce bloc pour un nouvel ordre économique international dont un commerce équitable en constitue le mot d’ordre. Ces revendications coïncidaient avec le triomphe de l'idéologie développementaliste de l'ère de Bandung (1955) sous les auspices des bourgeoisies nationales qui ont conduit des tentatives d'industrialisation mais en vain. Avec la crise en Occident en 1974 commence l'érosion des illusions du développementalisme dans le tiers-monde faute de n'avoir pu construire les bases d’un développement autocentré en se déconnectant de l’expansion capitaliste, et faute de n'avoir pu aussi instaurer la démocratie sous toutes ses formes. Le début des années 1980 a connu l'éclatement de la crise d'endettement et la mise en place du programme d'ajustement structurel sous l'égide du FMI et de la Banque mondiale. Les thérapies ainsi proposées ont mené à l'impasse puisque les problèmes du Sud ne peuvent être ramenés à des problèmes conjoncturels. L'intégration des pays du Sud au marché mondial a, au contraire, exacerbé leur soumission à un ajustement permanent répondant aux seuls besoins du capitalisme du centre ; ce qui prive ces pays de toute possibilité de construire des Etats –nations indépendants. Si la transition des pays du Sud au rang des pays du Nord est manifestement bloquée, elle n’est pas liée au seul statu-quo mais a trait au facteur externe dont la polarisation immanente au capitalisme réellement existant constitue la facette déterminante. La polarisation signifie que les pays du Sud sont constamment victimes de sortie permanente de valeurs en direction des pays du Nord à travers notamment la sous-rémunération du facteur travail où la productivité de ce dernier est sous-payée par rapport aux normes internationales. L'échange inégal constitue donc la toile de fond dans les rapport nord-sud. La polarisation peut être saisie aussi sur un autre registre celui de l'exclusion du facteur travail du mouvement international des capitaux et des marchandises par une détérioration chronique des termes de l'échange des pays du Sud et par conséquent une distorsion sectorielle. Le théorème des avantages comparatifs ainsi que son corollaire ladite théorie de la croissance transmise érigés en principes sacro-saints restent un trompe-l’œil. Pour dépasser cette impasse, les pays du Sud ont besoin de l'autonomie pour mobiliser leur potentiel de développement. Leur autonomie doit passer par leur déconnexion du Nord capitaliste sans que cela entraîne leur autarcie. Cela suppose leur intégration dans le marché mondial d'une autre manière que celle imposée aujourd’hui par la triade. Ce nouveau statut du sud dans l'échiquier mondial est conditionnée par une mise en place d’un processus de réformes radicales (à base nationale et à contenue populaire) ouvertes sur des perspectives socialistes pour assurer un développement autocentré.