Thèse soutenue

André Breton et la folie

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Kaori Kasaï
Direction : Jacqueline Chénieux-Gendron
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et sémiologie du texte et de l'image
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Paris 7
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Langue, littérature, image, civilisations et sciences humaines (domaines francophone et anglophone) (Paris ; 1992-....)
Jury : Président / Présidente : Éric Marty
Examinateurs / Examinatrices : Alain Rauzy
Rapporteur / Rapporteuse : Gérard Dessons, Colette Guedj

Résumé

FR  |  
EN

Peut-on aborder le sujet de la folie dans les écrits d’André Breton en admettant comme il le fait l’absence d’existence d’une « frontière entre la non-folie et la folie »? Le discours bretonien sur la folie est toujours un discours de négation car, dans la logique surréaliste, ce n’est pas le « fou » qui est coupable, mais bien la société, qui a créé cette image bornée du « fou ». Cependant, au-delà de cette dénégation, il semble y avoir, chez Breton, une sorte d’inclination pour la folie, une volonté de s’égarer. À travers deux aspects de la folie, à savoir le crime comme folie mise en acte, et le langage des aliénés, qui aurait inspiré la méthode de l’écriture automatique des surréalistes, ce travail veut éclaircir cette conscience nouvelle de la folie qui n’avait jamais été prise aussi fortement avant Breton. Des crimes atroces, c’est non seulement le fond social mais aussi l’« humour noir », tel qu’on l’entend dans les œuvres de Sade ou de Lautréamont, qui ont nourri les réflexions bretoniennes. Quant au langage surréaliste dont la théorie s’est formée dans les années 1920, et qui connaît une importante évolution dans la décennie suivante (L’Immaculée Conception, par exemple), les progrès intenses de la théorie médicale, qui s’accéléraient à la même époque à propos des phénomènes d’automatisme et dans la compréhension de certains mécanismes du langage des aliénés, ont pu servir de ressort à l’élaboration de la poétique bretonienne. Inversement, après la Deuxième Guerre mondiale, certains psychiatres reconnurent la vertu de révélateur du surréalisme concernant certaines questions fondamentales de la psychiatrie : celles de la valeur, du sens et des limites de la « folie ».