Thèse soutenue

Entre urbanité et communauté, la politisation de l'espace public urbain

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Auteur / Autrice : Alexandre Piettre
Direction : Numa Murard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Paris 7

Résumé

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Revenant sur la comparaison qui a été souvent faite entre les émeutes de 2005 et les rébellions populaires d'Ancien régime, pour les caractériser comme politiques par défaut, comme « proto », « infra », « supra » ou « post-politique », cette thèse pointe d'abord le caractère exceptionnel de ces émeutes et leur lien direct avec l'épisode de la grenade lancée sur la mosquée de Clichy pour les qualifier de politiques. Au prisme de terrains explorés selon différentes démarches d'analyse (psychosociologique, sociologique, historique et anthropologique) entre les années 1999 et 2003 dans quatre grands quartiers populaires de l'Ile de France et un quartier ancien du centre de Paris, cet événement majeur de l'histoire récente prend toute sa mesure au regard de la dilution de la politique de la ville dans des politiques de sécurité. Parce que celles-ci se confondent avec une politique de production de l'urbanité, elles traduisent en effet une propension à naturaliser les processus « socio-urbains » suite à la « redécouverte » de l'Ecole de Chicago dans le champ des sciences sociales. Or, c'est autour des années 2000 qu'émergent des nouvelles formes de mobilisations politiques dans les quartiers populaires, en tant qu'elles introduisent de façon fragmentaire et subreptice une dimension communautaire qui n'était pas assumée comme telle dans les luttes des cités et de l'immigration auparavant. Avec un dispositif d'action collective qui efface les traces de synthèse du mouvement beur et qui a le renouveau islamique pour support, elles traduisent un conflit de subjectivation en termes d'opposition entre immunité et communauté qui prendra toute sa mesure après les émeutes de 2005.