Le naturalisme linguistique de Boèce de Dacie : enjeux et discussions
Auteur / Autrice : | Izumi Sekizawa |
Direction : | Irène Rosier-Catach |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Linguistique théorique, descriptive et automatique |
Date : | Soutenance en 2010 |
Etablissement(s) : | Paris 7 |
Résumé
Boèce de Dacie est un philosophe du 13e siècle, connu comme modiste et « averroïste ». Notre thèse consiste à donner une interprétation exacte de la 16e question de ses Modi significandi, un texte philosophico-grammatical, où l'auteur développe un certain innéisme linguistique. Selon certains chercheurs contemporains, par cet innéisme, Boèce est considéré comme précurseur du nativisme de Noam Chomsky. Selon d'autres, cet innéisme n'a pas de valeur théorique importante dans la philosophie de Boèce. Boèce souligne plutôt l'ancrage du langage dans la structure des choses, et de ce point de vue, sa position n'a pas de particularité à l'époque. Selon notre analyse, ce sont deux versants du même naturalisme : tout doit être expliqué par sa propre nature. Par là, Boèce minimise le rôle de la volonté dans l'institution des langues et à la place de la volonté humaine, il introduit la nature humaine, qui est comparable à la nature de n'importe quelle espèce animale, comme le fondement des sciences du langage. Pour bien fonder cette interprétation de la théorie de Boèce, nous remontons au douzième siècle et analysons le texte de Gundissalinus, qui forme un horizon pour les auteurs du treizième siècle ; nous comparons la théorie de Boèce avec celle d'un contemporain Michel de Marbais qui insiste sur le rôle de la volonté ; nous la comparons aussi avec celles de Siger de Brabant ou des anonymes en lisant les manuscrits qui nient pour la plupart la position de Boèce de Dacie et reprennent la position plus traditionnelle. Boèce n'est jamais un précurseur de Chomsky, mais un auteur particulier à l'époque par son naturalisme linguistique ayant deux versants.