Thèse soutenue

Impact des pathologies ostéo-articulaires sur la mortalité de la population française : évolution au cours des quatre dernières décennies

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Auteur / Autrice : Nelly Ziadé
Direction : Joël CosteSalim Adib
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Santé publique. Épidémiologie
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Paris 5 en cotutelle avec Université Saint-Joseph (Beyrouth)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Santé publique (Paris ; 2000-2015)
Partenaire(s) de recherche : Autre partenaire : Université Saint-Joseph (Beyrouth). Faculté française de médecine et de pharmacie

Résumé

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L'évaluation de l'impact d'une pathologie sur la mortalité permet de quantifier la contribution de cette pathologie au fardeau global a l'échelle de la population. L'impact sur la mortalité reflète le poids de la pathologie en termes de santé publique et sa mesure longitudinale fournit parfois des hypothèses étiologiques permettant d'expliquer des tendances au cours du temps et d'orienter les interventions préventives. L'étude de l'impact sur la mortalité en population repose sur l'analyse des statistiques nationales des décès. II s'agit de la seule source de données disponibles à l'échelle nationale de façon exhaustive et continue sur plusieurs décennies. Ce travail s'intéresse aux pathologies ostéo-articulaires, qui représentent des causes importantes de morbidité et de mortalité, en particulier dans la population âgée. Deux pathologies ostéo-articulaires ont été sélectionnées en raison de leur importance et des évolutions thérapeutiques qui ont eu lieu au cours des quatre dernières décennies : la polyarthrite rhumatoïde et l'ostéoporose fracturaire. Objectif: l'objectif de ce travail est d'évaluer l'impact de ces deux pathologies ostéo-articulaires fréquentes sur la mortalité de la population française, en se basant sur les statistiques nationales de décès, et d'estimer l'évolution de cet impact au cours des quatre dernières décennies. Pour cela, des méthodologies visant à mesurer l'impact d'une pathologie sur la mortalité ont été mises au point. Materiel et Méthodes. Près de 20 millions certificats de décès ont été analysés. Pour la polyarthrite rhumatoïde, une analyse en causes multiples a été utilisée. Elle a permis d'identifier la PR, pathologie souvent mentionnée en cause associée au décès, à tous les niveaux du certificat de décès et de prendre en compte les causes associées au décès. Pour l 'ostéoporose fracturaire, une nouvelle méthodologie a été développée. Elle est basée sur l'élaboration d'une définition opérationnelle de la pathologie en question, utilisant les différents élements recueillis à partir du certificat de décès, en particulier les causes médicales de décès codées selon la CIM, et fondée sur une analyse des différents composants des définitions cliniques reconnues. Pour les deux pathologies, l'évolution des taux de mortalité a été analysée par une régression de Poisson. Les taux de mortalité annuels standardisés par âge ont été calculés selon une méthode de standardisation directe en utilisant la population française de 1990 comme référence. Les taux de mortalité spécifiques par âge ont également été calculés. L'âge moyen au décès a été identifié et comparé à celui de la population générale. Les causes associées au décès ont été identifiées et leur association avec la pathologie en question a été testée en utilisant la méthode du ratio O/E (paires observées/attendues). Résultats. Pour la PR, un impact significatif sur la mortalité a été mis en évidence (0,22% des décès). Cet impact a diminué entre 1970 et 1990, mais une tendance à l'augmentation, en particulier chez les femmes, a été observée à partir des années 1990. Elle est due à l'augmentation des taux de mortalité dans la classe d'âge plus avancé (> 84 ans). L'analyse en causes multiples a permis d'identifier trois fois plus de décès associés a la PR que l'approche traditionnelle basée uniquement sur la cause initiale de décès. D'autre part, elle a confirmé que la mortalité liée à la PR semble dependre en partie de comorbidités, en identifiant un changement du profil de causes associées. Pour l'ostéoporose fracturaire, la méthodologie développée a permis de classer comme ostéoporotiques les fractures survenant après 70 ans, dans les deux sexes et à tous les sites, après l'exclusion du nombre corrigé de fractures de haute-energie. Cette méthodologie a permis de mettre en évidence un impact significatif de l'ostéoporose fracturaire sur la mortalité (2,2% des décès. L'analyse au cours du temps a révélé une diminution significative de l'impact (environ de moitié), due essentiellement a la diminution des mentions de fractures de hanche et accessoirement à celles du crâne. Les mentions de fractures du pelvis, vertèbres et côtes ont évolué de façon contraire. Les comorbidites ont augmente au cours du temps. Conclusion. Plusieurs approches de l'analyse de causes de décès dans les statistiques nationales de décès ont été mises en oeuvre. Une analyse en causes multiples a ete appliquée pour quantifier l'impact sur la mortalité de la polyarthrite rhumatoïde. Pour l'ostéoporose fracturaire, une nouvelle méthodologie a été developpée, exploitant diverses informations présentes sur le certificat de décès, et qui sera utilisable pour quantifier l'impact d'autres pathologies de définition complexe sur la mortalité de la population. L'application de ces approches a permis de quantifier l'impact significatif des pathologies ostéo-articulaires etudiées sur la mortalité de la population française, de mettre en évidence des évolutions complexes au cours des quatre décennies et de suggérer le rôle important des pathologies associées, à rapporter à la fragilité générale des sujets atteints.