Poétique du roman-fleuve, de Jean-Christophe à Maumort
Auteur / Autrice : | Aude Leblond |
Direction : | Alain Schaffner |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française |
Date : | Soutenance le 02/12/2010 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Littérature française et comparée (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche Écritures de la modernité (littérature et sciences humaines) (Paris ; ....-2014) |
Jury : | Président / Présidente : Jeanyves Guérin |
Examinateurs / Examinatrices : Alain Schaffner, Jeanyves Guérin, Claude Coste, Régis Tettamanzi, Nathalie Piégay |
Résumé
Marquée par la longueur, le réalisme et la lisibilité, l’esthétique du roman-fleuve chez Romain Rolland, Martin du Gard, Jules Romains et Duhamel peut paraître anachronique dans le paysage littéraire de l’entre-deux-guerres. Le roman-fleuve maintient en effet l’ambition démiurgique dans un contexte historique qui semble l’interdire. Trace d’une volonté toujours vivace de créer un livre-monde alors même que les certitudes positivistes s’écroulent, la poétique du roman-fleuve est plus intempestive qu’anachronique : c’est son présent qui rend improbables ses choix esthétiques. Au-delà du traumatisme de la Première Guerre, le roman-fleuve tâche d’élaborer un livre-monde, fût-il précaire ; il travaille à se faire tombeau. Il rend compte des bouleversements de la perception du moi, du temps et de la collectivité – ces éléments qui rendent caduc le paradigme naturaliste, auquel la critique a jusqu’ici rattaché le roman-fleuve. La composition de ce reflet fantomatique de la Belle Époque oscille entre construction et fragmentation. Son dispositif pragmatique conduit à dépasser le postulat mimétique, pour révéler une conception très moderne des pouvoirs de la fiction. Contre le rêve d’un « roman objectif » [Martin du Gard], le roman-fleuve fait émerger un dialogue entre auteur et lecteur. Ce sous-genre se révèle en définitive comme le lieu d’une expérimentation politique, fictionnelle et générique. Invitant le lecteur à reconnaître les interactions multiples entre mondes fictifs et monde réel, il lui permet de distinguer les différentes logiques génériques qui entrent en tension dans le texte. Il appelle ainsi une lecture réflexive et orchestre un apprentissage littéraire.