Les modalités de production des morales politiques : étude comparative des assises des régimes politiques de la IIIe République et de l'Empire japonais (1868-1914)
Auteur / Autrice : | Yūsuke Inenaga |
Direction : | Pierre Birnbaum |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique. Sociologie politique |
Date : | Soutenance en 2010 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Résumé
Comparant les morales politiques qui s'élaborent dans la vie collective pendant la période 1868-1914, cette thèse se propose de rendre compte d'un enjeu crucial, lié à la formation de la cohésion sociale et à la mise en place de l'obéissance aux normes qui, toutes deux, prennent place pendant l'étape de consolidation de la IIIe République et de l'Empire japonais (administration agricole, éducation publique et conscription universelle). L'analyse des discours politiques et du contenu des manuels de morale en usage dans les écoles primaires démontre l'orientation symbolique de deux sacrés, théocratique (empereur) et laïque (drapeau tricolore), chargé de fédérer la communauté politique. Dans la morale ethno-nationale du Japon, la provenance et le culte des ancêtres sont inséparables de la manière traditionnelle de mesurer la distance qui sépare le médiocre du génial, c'est-à-dire de la sensibilité morale sur laquelle les nationalistes s'appuient pour faire l'éloge de l'acte de sacrifice, mis au service de la patrie. L'alliance entre l'Etat caserne et la religion nationale y est ainsi très éloignée de l'histoire de l'humanité dont, au contraire, la citoyenneté individualiste pourrait être l'incarnation à travers la solidarité sociale. Dans la morale civique, en France, l'Etat républicain est un Etat qui ne fait reposer aucune vue positive particulière sur la finalité de l'existence humaine. En s'opposant à toute servitude psychique à l'autorité morale-religieuse, les tendances de l'Etat républicain qui se déclarent hostiles à la croyance traditionnelle, s'appuyant sur l'idéal de sécularisation de l'espace politique, se situent dans un cadre foncièrement défavorable à la culture nationale. Ainsi, l'individu n'y est pas au service de l'Etat, mais l'Etat peut être au service de l'individu qui partage avec ses concitoyens la liberté de conscience et l'empathie civique avec autrui.