Thèse soutenue

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Auteur / Autrice : Juliette Arabi
Direction : Louis DeharvengAlexandre Hassanin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Phylogénie et évolution moléculaire
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Paris, Muséum national d'histoire naturelle
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris)
Jury : Président / Présidente : Guillaume Lecointre
Examinateurs / Examinatrices : Frédéric Delsuc, Lars Podsiadlowski
Rapporteurs / Rapporteuses : Michaël Manuel, Dominique Mouchiroud

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Le sous-phylum des Chelicerata comprend les arthropodes caractérisés par la présence d’une paire de chélicères : arachnides, limules et pycnogonides. A ce jour, les relations inter- et intra-ordinales restent très peu résolues et l’inclusion des pycnogonides au sein des chélicérates demeure une question très débattue. Les phylogénies mitochondriales montrent souvent des résultats contradictoires qui s’expliquent par des variations importantes dans les taux de substitution de l’ADN mitochondrial au cours de l’évolution des arthropodes. L’analyse de plus de 1 600 séquences du gène mitochondrial CO1 a permis de mettre en évidence de très fortes variations de la composition en bases chez les chélicérates, avec notamment une inversion du biais de composition en bases brinspécifique chez les araignées opisthothèles et les scorpions, et une très forte hétérogénéité chez les acariens, opilions, pseudoscorpions et pycnogonides. L’étude comparative de l’organisation des génomes mitochondriaux suggère que deux types de réarrangements sont à l’origine de ces inversions : une inversion d’un fragment génomique contenant CO1 entraîne une inversion locale, alors qu’une inversion de la région de contrôle engendre une inversion dans tout le génome. Ainsi, la seule étude du gène CO1 permet d’identifier les taxons susceptibles d’avoir subi des remaniements génomiques. Du point de vue phylogénétique, les conséquences de ces inversions sont dramatiques puisqu’elles entraînent de nombreux artefacts de reconstruction liés au phénomène d’attraction de branches longues. Afin de mieux appréhender les relations inter-ordinales, le gène CO1 et les ARNr nucléaires 18S et 28S ont été analysés pour une matrice de 180 taxons. Les Euchelicerata, tous les ordres d’arachnides (exceptés les acariens) et les Tetrapulmonata sont trouvés monophylétiques. En revanche, la position des pycnogonides reste incertaine. La comparaison des données mitochondriales et nucléaires suggère de surcroit une accélération des taux d’évolution moléculaire chez les acariens et chez les pseudoscorpions. Pour tester la position phylogénétique des pycnogonides, 68 régions nucléaires de gènes codant des protéines ont été extraites des banques de données et analysées pour 98 taxons. L’analyse des sites synonymes révèle une importante hétérogénéité de composition en bases. Chez certains organismes, comme Mastigoproctus (uropyge), la plupart des gènes sont riches en AT ; chez d’autres, comme Ixodes (acarien), la majorité des gènes sont riches en GC ; chez d’autres encore, tel que Idiogaryops (pseudoscorpion), les proportions sont quasi équilibrées. Cette hétérogénéité traduit de fortes différences taxinomiques dans les contraintes mutationnelles, ce qui constitue un problème majeur pour modéliser l’évolution moléculaire lors des reconstructions phylogénétiques. Ainsi, l’amélioration de l’échantillonnage taxinomique apparaît comme incontournable pour espérer faire émerger une conclusion sur la position des pycnogonides