Thèse soutenue

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Auteur / Autrice : Alain Didier Missoup
Direction : Christiane DenysCharles Félix Bilong Bilong
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie des organismes
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Paris, Muséum national d'histoire naturelle en cotutelle avec Université de Yaoundé (1962-1993)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris)
Jury : Président / Présidente : Louis Deharveng
Examinateurs / Examinatrices : Rémy Mimpfoundi, Violaine Nicolas
Rapporteurs / Rapporteuses : Rainer Hutterer, Josef Bryja

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Les forêts de la Ligne Volcanique du Cameroun (LVC) font partie du point chaud de biodiversité guineo-congolais et ont été identifiées parmi les zones prioritaires de conservation dans le monde. Cet axe volcano-tectonique, qui s’est mis en place à partir du Crétacé supérieur, est une cordillere qui coupe le bloc forestier afro-tropical à la limite Ouest de l’Afrique centrale. Connue pour sa faune et sa flore originale (endémisme et forte richesse spécifique), la LVC constitue une région de choix pour tester les mécanismes de diversification de la faune des régions tropicales de plaine et de montagne. La comparaison des patrons de diversification obtenus pour plusieurs taxons devrait nous permettre d’identifier les évènements principaux qui ont structuré la biodiversité en Afrique centrale. Nous avons mené une analyse phylogéographique afin d’expliquer la distribution et la richesse (générique, spécifique et intraspécifique) actuellement observées sur la LVC. Lors de cette thèse nous avons choisi de nous focaliser sur les rongeurs. Ce groupe représente, de par le nombre d’espèces décrites, la part la plus importante de la biodiversité des mammifères. Plusieurs espèces ont été signalées comme étant endémiques de la LVC. De plus les rongeurs sont reconnus comme étant d’excellents modèles biologiques pour les études de phylogéographie. Les genres Lamottemys, Praomys, Hybomys, Hylomyscus et Lophuromys ont été retenus pour nos analyses. Nous avons combiné des données morphologiques et moléculaires pour tester la validité et déterminer la position phylogénétique de plusieurs espèces décrites comme endémiques de la LVC. Nous avons par ailleurs confronté les patrons phylogéographiques obtenus sur quatre espèces (P. Jacksoni, P. Misonnei, L. Eisentrauti, H. Rufocanus) afin de proposer un modèle de structuration de la biodiversité sur la LVC. Nos résultats ont été replacés dans un contexte temporel sur la base des datations moléculaires et ont été mis en relation avec les évènements paléo-géo-climatiques connus de l’Afrique tropicale et/ou de la LVC en particulier. Nous confirmons le statut spécifique de 5 espèces (Lamottemys okuensis, Praomys hartwigi, Praomys morio, Hybomys rufocanus et Lophuromys eisentrauti) parmi les 9 testées. H. R. Eisentrauti, H. R. Badius et L. E. Roseveari devraient être considérées comme des formes géographiques distinctes au sein de H. Rufocanus et de L. Eisentrauti respectivement. Des analyses supplémentaires sur P. Obscurus doivent être réalisées pour confirmer sa position taxinomique. L’endémisme sur la LVC a été essentiellement retrouvé chez les taxa habitant l’étage submontagnard et afromontagnard. La faune actuelle de rongeurs de cette région est le résultat de la diversité de ses milieux qui augmente son potentiel biotique. C’est également le résultat de trois facteurs historiques : les évènements volcanotectoniques, les fluctuations climatiques du Pléistocène et le rôle des barrières fluviales. Au début du Pliocène, la mise en place de la faune sur la LVC a été influencée par la reprise des activités volcanotectoniques dans cette cordillère et sur le Rift Est africain. Plusieurs cas de divergences récentes traduisent des diversifications allopatriques favorisées par les oscillations climatiques du Pléistocène entre les montagnes de la LVC ou entre ces montagnes et les plaines avoisinantes. Enfin, nous avons discuté de l’influence de la Sanaga et d’autres fleuves (Ogooue et Ivindo) comme facteur explicatif des patrons phylogéographiques obtenus en Afrique Ouest centrale. Deux sous régions biogéographiques peuvent être identifiées sur la LVC entre Bioko et le Tchabal Mbabo. Leur limite semble se situer entre le mont Lefo et le mont Oku. Il ressort en outre de ce travail que la LVC n’a constitué une barrière effective entre l’Ouest et l’Est de l’Afrique tropicale que récemment.