Thèse soutenue

Mécanisme d'action de nouveaux agents alkylants ciblant l'ADN ou les protéines

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Auteur / Autrice : Gaëlle Lenglet
Direction : Marie-Hélène David
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biochimie et biologie moléculaire
Date : Soutenance le 15/12/2010
Etablissement(s) : Lille 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Biologie-Santé (Lille ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche Jean-Pierre Aubert

Résumé

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Le S23906-1 est un dérivé diacétate de la benzo-[b]-acronycine. Sélectionné pour son potentiel cytotoxique in vitro et son activité anti-tumorale in vivo, ce composé très prometteur est entré en essai clinique en 2006-2007. Cet agent alkylant présente la particularité d’interagir avec l’azote en position 2 des guanines localisé dans le petit sillon de l’ADN et d’induire ensuite une ouverture locale de la double hélice. La conformation de ce composé est importante pour son activité puisque la présence du groupement réactif acétate en orientation S induit une plus forte déstabilisation de l’ADN par rapport à l’orientation R, ceci en corrélation avec une plus forte cytotoxicité et une meilleure activité anti-tumorale. Cependant le mécanisme moléculaire mis en place, pour conduire à la mort de la cellule tumorale reste peu connu. Afin de mieux comprendre le lien entre la déstabilisation de l’ADN et l’activité cytotoxique du S23906-1, nous avons cherché à déterminer la nature des protéines nucléaires qui reconnaissent spécifiquement cette lésion. Une approche protéomique par chromatographie d’affinité suivie d’une électrophorèse séparative et d’analyse en MALDI-TOF nous a permis d’identifier la GAPDH. Des expériences de retard en gel ont validé l’interaction de la GAPDH à l’adduit S23906-1/ADN simple ou double brin. La recherche d’une éventuelle séquence consensus de fixation à l’ADN de la GAPDH a été entreprise par méthode de CASTing. Si aucun consensus proprement-dit n’est clairement apparu, une prévalence de fixation pour les séquences riches en guanines a été observée. Des études de relation structure/fonction ont montré les adduits formés par les dérivés diacétylés ou benzo-[a]-diacétylés de l’acronycine déstabilisent également l’ADN et que la GAPDH se fixe également de manière efficace à ces adduits. Par comparaison à d’autres composés interagissant au niveau de l’azote 2 des guanines, nous n’avons observé aucune interaction de la GAPDH avec l’adduit ET-743/ADN (l’ET-743 stabilise l’ADN), alors que d’autres auteurs ont mis en évidence une interaction avec l’adduit QAD/ADN, où QAD est un dérivé de la Saframycine A, molécule structurellement proche de l’ET-743. Au niveau cellulaire, un traitement au composé QAD engendre une translocation de la GAPDH du cytoplasme vers le noyau. Nous n'avons pas retrouvé une telle translocation en utilisant le S23906-1. De plus, et contrairement à ce dérivé de la Saframycine A, nos cellules traitées avec un siRNA dirigé contre la GAPDH sont plus résistantes au S23906-1, suggérant un rôle anti-apoptotique de la GAPDH suite au traitement au S23906-1, contrairement à l’effet pro-apoptotique observé avec le dérivé QAD de la Saframycine A. En parallèle, nous nous sommes intéressés à de nouveaux agents cytotoxiques, dont des composés de série benzylamine bis-8-hydroxyquinoline. En utilisant des approches spectrométriques et biochimiques, nous avons montré que le composé principal JLK1486 ne cible pas l'ADN, mais réagit de manière covalente avec des groupements thiol comme celui du glutathion. Cependant, des études cellulaires de déplétion du glutathion endogène ont montré que le glutathion n’était pas la cible du composé JLK1486 mais participait à sa détoxification. Afin d’identifier la ou les cible(s) protéique(s) responsable(s) de l’effet cytotoxique du JLK1486, nous avons mis au point une approche dérivée de l’électrophorèse 2D-DIGE.