Physiopathologie et diagnostic des dissections des artères cervico-encéphaliques : contribution de l'imagerie par résonance magnétique de la paroi artérielle
Auteur / Autrice : | Olivier Naggara |
Direction : | Xavier Leclerc, Catherine Oppenheim |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Médecine. Radiologie |
Date : | Soutenance en 2010 |
Etablissement(s) : | Lille 2 |
Résumé
Les techniques d’IRM permettent une approche diagnostique et physiopathologique de l’enjeu majeur de santé publique qu’est l’accident vasculaire cérébral (AVC). L’IRM a révolutionné sa prise en charge, la décision thérapeutique et l’évaluation de son efficacité depuis une dizaine d’années. Ces techniques suscitent donc une recherche active visant à optimiser leur apport dans les étiologies les plus courantes de l’AVC, comme l’athérosclérose ou la dissection des artères cervicales (DAC), pathologie impliquée dans 20% des AVC du sujet jeune. 1) Dans un premier temps, nous avons évalué l’apport pour le diagnostic précoce de DAC de l’IRM conventionnelle cérébrale à 1. 5T. Plus de 75% des hématomes disséquant des artères carotides ou vertébrales ont une extension distale ou une localisation au niveau de la base du crâne, pouvant les faire méconnaitre lors de l’exploration différée de l’étage cervical, exploration multimodale dont la sensibilité est elle-même limitée. L’IRM cérébrale utilisant les séquences de routine du bilan d’un accident vasculaire cérébral permet un diagnostic précoce de dissection des artères carotides internes, avant même la réalisation d’une imagerie dédiée. Si l’absence de mise en évidence d’un hématome mural sur cet examen ne permet pas d’exclure le diagnostic, l’IRM cérébrale, lorsqu’elle est positive, peut contribuer à une meilleure identification précoce des patients qui ne sont pas initialement suspect de DAC ou dans les institutions où l’imagerie des artères cervicales n’est pas réalisée dans le même temps que l’IRM cérébrale. 2) Dans un second temps, nous avons évalué l’apport de l’IRM haute résolution avec antennes de surface dédiées dans l’exploration de patients suspects de dissection vertébrale. L’IRM haute résolution est une technique en plein essor, offrant une résolution de 500μ x 500μ dans le plan, développée pour l’analyse de la plaque d’athéromateuse mais utilisable en recherche et en routine clinique dans les dissections artérielles cervicales. La dissection des artères vertébrales est, pour des raisons techniques et anatomiques, un diagnostic difficile. Pour les patients suspects de dissection vertébrale et présentant un bilan d’imagerie, échographie doppler et IRM, non concluant, l’IRM haute résolution centrée sur les anomalies artérielles mises en évidence par ces premiers examens permet de dépister plus de dissection et d’éliminer des hématomes qui n’en sont pas. Elle distingue clairement plexus veineux périvertébraux et dissection et met en évidence l’hématome disséquant, y compris lorsqu’il siège au niveau de segments tortueux ou fixés dans le canal osseux transversaire. 3) Dans un troisième temps, nous avons évalué l’aspect des dissections carotidiennes aigues en IRM-HR. Les patients porteurs de dissection carotidienne spontanée présentent un aspect en IRM-HR de l’artère disséquée similaire à celui rencontré dans des maladies inflammatoires de la paroi artérielle comme l’artérite à cellules géantes et la maladie de Takayasu ; cet aspect est rarement rencontré en cas de dissection traumatique. Cette sémiologie, associée à un syndrome inflamatoire biologique, suggère une artériopathie transitoire sous jacente à la dissection carotidienne. Ces travaux montrent que l’IRM, examen non invasif et multiparamétrique, utilisé de manière conventionnelle ou en protocole haute résolution, offre des stratégies de prise en charge innovantes et des perspectives diagnostiques de plus en plus fine, préfigurant la routine clinique à haut champ.