Le mouvement du monde : croissance, fécondité et régénération sociale chez les Ngobe de Costa Rica et de Panama
Auteur / Autrice : | Corine Le Carrer |
Direction : | Cécile Barraud |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ethnologie et anthropologie sociale |
Date : | Soutenance en 2010 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Résumé
La société Ngobe, étudiée au travers de rituels, accorde une place privilégiée au mouvement vif comme expression de la vie longue. Les rites de naissance et de puberté, masculine et féminine, composant en partie le cycle ka, instituent ce mouvement vif de la vie dont la croissance humaine dépend. Alors que la lenteur qui définit l'état de grossesse vient le contrarier. Pendant la gestation, les activités du couple, leurs interactions sociales et leurs rapports au gibier sont fortement réglementés car la grossesse entrave la croissance humaine et animale. A l'image de la plante adventice ka qui donne son nom au cycle cérémoniel, les rites étudiés représentent la croissance des hommes de manière similaire à celle des végétaux, eu égard aux temporalités des productions vivrières, différentes selon qu'il s'agit de celles des arbres ou des plantes. A un niveau, la femme est comparable à un arbre inaugurant sa fécondité par le premier enfant conçu, l'enfant mubaj, dont l'identique sur le plan arboricole est le premier cacao de la première fructification du cacaoyer, kwa mubaj. Véritable rejeton, l'enfant mubaj active la fécondité d'une femme, ouvre la descendance d'un couple sans entraîner à sa suite une ordre des naissances, offrant la dimension atemporelle la plus originale de cette société. Au long de ces rites se manifeste la notion bromon liée à la mise au monde de corps récents. La distribution bromon régénére le groupe territorial (-bu) nommé, dans lequel s'insère le nouveau-né, auquel il appartiendra s'il grandit sur la terre de ce groupe. L'enjeu ngobe des rites est de faire que jamais ne se ralentisse le mouvement vif exprimant la vie afin de pérenniser le monde.