Thèse soutenue

Une jeunesse populaire à Beyrouth : la communauté et sa mémoire comme réponse à l'imprédictibilité

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Auteur / Autrice : Chantal Mazaeff
Direction : Hamit Bozarslan
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Résumé

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S'ouvrir au monde à Aïn al-Remmaneh, banlieue populaire de Beyrouth qui reste marquée par les traces d'une guerre civile inter communautaire et intra communautaire, donne une temporalité spécifique aux processus de socialisation que traverse tout adolescent, à l'entame de sa vie d'adulte. Sur ce territoire, objet d'une lutte entre mouvements politiques pour s'en arroger le leadership, des jeunes gens de confession chrétienne, dans leurs pratiques sociales, restent soumis aux injonctions communautaires que véhiculent trois instances de socialisation. Sont en concurrence, les écoles confessionnelles, les Églises et les deux principaux mouvements politiques chrétiens, le C. P. L mais plus encore les Forces libanaises qui s'appuient sur l’histoire de la guerre dans ce quartier pour s'y penser maîtres des lieux. Dans un contexte de cristallisation des identités confessionnelles, nous avons choisi d'observer les sociabilités à l'œuvre pour appréhender comment le rapport à l'autre se dessine, surtout quand cet autre, musulman et parfois voisin, prend la figure d’un étrange étranger. Les liens sociaux et les civilités sont apparus comme inscrits dans une logique de distinction qui sépare plus qu'elle ne relie des individus proches culturellement, mais pris dans les enjeux de la reproduction du pouvoir communautaire. Au-delà de celte dimension micro, un regard large porté sur l'évolution socio historique du Liban montre combien la question identitaire, qui est au cœur des processus de socialisations, continue encore à questionner un Etat libanais aux formes parfois incomplètes. S'il détient à nouveau le monopole de la violence, il reste peu présent dans l'espace symbolique pour transcender ces clivages communautaires. Enfin, la mémoire collective reste inscrite dans cette logique communautaire, et objet de lutte entre les entrepreneurs de mémoire, dans un espace que l'Etat n'a pas su investir, leur laissant le champ libre