Thèse soutenue

Naissance de la bestialité : une anthropologie du rapport homme-animal dans les années 1300

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Auteur / Autrice : Pierre-Olivier Dittmar
Direction : Jean-Claude Schmitt
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et civilisations
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales

Résumé

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Le rapport à l'animal dans le contexte chrétien est paradoxal. Alors qu'il se trouve pour la première fois totalement exclu du sacré légitime (abandon du sacrifice antique, des interdits alimentaires juifs), l'animal est extrêmement présent dans la littérature et l'art médiéval. Autour des années 1300, son exploitation symbolique, au même titre que son usage alimentaire ou matériel s'inscrit dans un rapport de domination de l'homme sur le monde naturel dont Adam nommant les animaux fournit le modèle. Dans les mêmes années, la conception de l'animal est profondément bouleversée. Depuis Augustin, le monde animal était structuré par l'opposition entre pecus et bestia, entre des animaux herbivores soumis à l'homme et des animaux carnivores sauvages, les premiers étant comestibles, les seconds frappés d'un interdit alimentaire informel. Avec l'émergence d'une littérature en langue vernaculaire et la redécouverte d'Aristote, cette division s'estompe pour laisser place à une conception nouvelle de l'animal, compris désormais dans un sens excluant l'homme, et regroupant l'ensemble des autres créatures animées. On parlera à ce titre d'une naissance de l'animal au sens moderne et naturaliste du terme. Cette invention de l'animal modifie en profondeur les conceptions de la personne, en donnant naissance au concept de bestialité, qui recouvre petit à petit l'ensemble des comportements humains échappant à la raison. Dans ce processus, l’image joue un rôle prépondérant, devançant la formalisation théorique, et impose par le biais de représentations d’hybrides mi-homme mi-bête une compréhension nouvelle de l'animalité de l'homme et de la continuité des existants au sein du monde créé