Thèse soutenue

Deux mémoires pour une identité en Ukraine post-soviétique
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Auteur / Autrice : Olha Ostriitchouk
Direction : Alain Blum
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et civilisations
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Résumé

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Depuis l'indépendance de 1991, l’Ukraine s'efforce de se doter d'un capital symbolique pour appuyer sa nouvelle identité et exister en tant qu'État-nation. Ainsi sont mises en place des politiques patrimoniales, de nouvelles commémorations, et une révision du récit historique. Mais la volonté de renforcer la cohésion nationale se heurte à la persistance d'une fracture sociétale, schématisée dans une opposition entre un Ouest dit « pro-occidental» et un Est dit «prorusse ». Les uns défendent le principe d'une identité nationale à base ethnique s'appuyant sur la mémoire des luttes nationalistes (1920-1950), entretenue par la diaspora nord-américaine, comme enjeu majeur pour la société actuelle. Les autres, réfractaires à cette « nationalisation » du passé et de ses héros controversés, rejettent cette forme d'identification collective, allant jusqu'à lui en préférer d'autres: le panslavisme orthodoxe, le régionalisme, le soviétisme. . . Cette thèse se saisit du phénomène mémoriel et en particulier des usages publics du passé, pour décrypter les raisons de cette division, issue d'expériences contrastées, portées par deux mémoires, ayant chacune son propre choix de commémorations, sa logique narrative, ses silences, renvoyant à des enjeux politico idéologiques sous-jacents. Trois supports mémoriels-clés (Tarass Chevtchenko, la Grande Famine de 1932-1933, la Seconde Guerre mondiale) sont convoqués pour mettre en évidence, à partir de leurs interprétations concurrentes, les visions respectives du passé que se renvoient, comme dans un jeu de miroirs, les tenants des deux camps mémoriels, et qui empêchent la fixation de référents identitaires communs.