De la métaperception à l'agir perceptif

From metaperception to perceptual agency

• Auteur / Autrice : Anna Loussouarn
• Direction : Joëlle Proust
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Philosophie et sciences sociales
• Date : Soutenance en 2010
• Etablissement(s) : Paris, EHESS
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales

Mots clés

Mots clés contrôlés

Modèle (épistémologie)

Conceptualisme

Perception spatiale

Identification

Perception (philosophie)

Mots clés libres

Métaperception

Incertitude objective

Psychologie naïve

Sentiment épistémique

Marge d'erreur

Résumé

Nos sens nous donnent des représentations plus ou moins fidèles de l'environnement. Comment évaluons-nous l'adéquation de nos représentations perceptives? Une hypothèse est que l'incertitude perceptive dérive de l'évaluation de la plausibilité du contenu présenté dans l'expérience, fondée sur un raisonnement à propos de l'environnement. Une seconde hypothèse est qu'elle dérive de l'évaluation de la fiabilité des systèmes perceptifs, fondée sur un raisonnement conceptuel à propos des conditions perceptives et de l'esprit percevant. Ces deux conceptions dominantes de la métaperception rencontrent une même difficulté : elles n'offrent pas une caractérisation satisfaisante des ressources métaperceptives sollicitées dans les comportements d'agentivité épistémique. Les sujets percevants contribuent activement à ajuster leur qualité perceptive en fonction des besoins épistémiques (en contrôlant la distance à la cible, l'attention, en recourant à des structures externes, etc. ). Or la prise en compte des actes épistémiques pose des contraintes spécifiques sur la théorisation de la métaperception. Elle permet, réciproquement, d'identifier des sources informationnelles alternatives. Sont explorés, en particulier, les indices expérientiels liés au traitement d'une tâche perceptive (tel que l'indice de fluence), et les retours fournis par l'environnement sur la performance. Ces indices sont exploités dans un raisonnement pratique qui n'est assimilable ni à un raisonnement sur l'environnement externe, ni à un raisonnement réflexif invoquant des concepts mentaux. Cette conception de la métaperception permet de relire la question des marges d'erreur et de la justification perceptive.

Our senses present us with more or less adequate representations of the environment. How do we monitor perceptual adequacy? According to one hypothesis, perceptual uncertainty derives from monitoring the plausibility of the content presented in perceptual experience, on the basis of a reasoning about the external environment. A second hypothesis is that it derives from monitoring the reliability of perceptual systems, on the basis of a reasoning about the auxiliary conditions of perception and the perceiving mind. These two dominant conceptions of metaperception meet a same difficulty: they fail to account for the metaperceptual resources involved in epistemic agency. Perceivers actively adjust their perceptual adequacy given their epistemic needs (by controlling the distance to a target or attentional resources, by looking for external structures, etc). This agentive dimension in perceptual activities involves constraints on the theorization of metaperception. Reciprocally, taking this dimension into account allows identifying alternative informational sources for metaperception. Two alternative sources have been explored, in particular: the experiential cues accompanying the processing of a perceptual task (e. G. The cue of fluency or effort), and the feedback delivered from the environment on performance. It is argued that these cues are used in a procedural reasoning that is neither reducible to a first-order reasoning about the external environment, nor reducible to a reflective reasoning involving mental concepts. This conception of metaperception have consequences in the epistemology of perception, in the literature on margins for error and perceptual justification.