Anthropologie culturelle et politique de la yole ronde à la Martinique : enjeux identitaires et atouts pour une politique de Région. Perspectives comparatives
Auteur / Autrice : | Maguy Moravie |
Direction : | André Menaut, Jean-Paul Callède |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences et techniques des activités physiques et sportives |
Date : | Soutenance le 09/12/2010 |
Etablissement(s) : | Bordeaux 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences sociales : société, santé, décision (Bordeaux ; 1999-2011) |
Jury : | Président / Présidente : Pierre Parlebas |
Examinateurs / Examinatrices : Francis Dupuy | |
Rapporteur / Rapporteuse : Eric Dugas, Bernard Michon |
Résumé
Notre étude envisage le développement de la yole ronde, « sport traditionnel » pratiqué à la Martinique, département français d’Amérique. Alors que quasiment toutes les disciplines sportives actuelles pratiquées à la Martinique ont été importées d’Europe, preuve d’un conditionnement social et culturel, la voile à la Martinique est restée sous sa forme traditionnelle, et se pratique avec des embarcations locales comme la yole ronde.Au cours de son histoire, la yole ronde a connu de profondes mutations qui ont irrémédiablement transformé les formes de pratique et remis en question son caractère traditionnel. Ce sport « pieds-nus » connaît depuis une dizaine d’années un regain d’intérêt auprès de la population martiniquaise qui la considère comme LA pratique ayant résisté à la longue période d’acculturation occidentale. Mais cette vision de l’activité n’est-elle pas un simple construit social, permettant aux Martiniquais de s’identifier à une pratique signifiant le savoir, l’habileté ou la richesse culturelle d’un peuple en quête d’identité ? N’est-elle pas instrumentalisée par les élites politiques locales afin d’en tirer toute sorte de profits, économiques, politiques ou encore culturels ? Par des informations recueillies au travers de sources documentaires mais surtout par les témoignages d’acteurs qui vivent et pratiquent la yole au quotidien, nous montrons que le processus d’innovation culturelle à l’œuvre dans la yole, tout en se complexifiant, a produit, étape après étape, une configuration systémique de l’expression identitaire et de l’intégration sociale à laquelle sont liés des enjeux socio-économiques et politiques.L’analyse détaillée de cet objet anthropologique singulier gagne à être replacée dans le cadre d’une approche comparée qui nous a permis d’inventorier tout un univers de pratiques et de modèles qui partagent entre eux sinon une insularité (Martinique, Guadeloupe, Polynésie française), à tout le moins une situation périphérique (Bassin d’Arcachon et Pays basque) concomitante à une certaine maritimité et une commune « remise au goût du jour » des anciens gréements ou engins de navigation, identifiée par un processus de « sportivisation ».