Sculpter l'habitat : les dimensions de l'habiter dans la sculpture contemporaine
Auteur / Autrice : | Célia Charvet |
Direction : | Louis Ucciani |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 2010 |
Etablissement(s) : | Besançon |
Partenaire(s) de recherche : | Autre partenaire : Université de Franche-Comté. UFR des Sciences du langage, de l'homme et de la société |
Mots clés
Résumé
Penser l’habiter du point de vue de l’art contemporain – et plus précisément de la sculpture contemporaine – c’est engager la réflexion dans une analyse des formes tridimensionnelles. C’est donc envisager l’habiter dans ses dimensions visibles et tangibles, dans une concrétisation de ses implications et dans une cristallisation des notions de corps, d’espace et de temps. Donner forme(s) à l’habiter, ce n’est pas seulement mettre au jour les phénomènes de l’habiter, c’est également en fabriquer les dimensions spatio-temporelles à la mesure de l’existence humaine. C’est structurer, orienter, qualifier les multiples relations que l’individu entretient avec ses différents lieux d’existence, que ceux-ci soient d’ordre privé ou public. C’est considérer l’habiter comme un acte – et particulièrement comme un acte de résistance – et non simplement comme un fait. C’est enfin définir des territoires de l’habiter dans lesquels les portions d’espace-temps convoquent l’habitance de l’homme, c’est-à-dire sa potentialité d’habiter. À partir des œuvres des sculpteurs d’habiter – tel est le terme générique que nous proposons pour définir les artistes étudiés –, il s’agit de repérer ce qui façonne, révèle et questionne les dimensions de l’habiter. Articulée en quatre moments définissant la nature de ces dimensions, la réflexion fait percevoir tout à la fois les spécificités sculpturales de l’habiter et ses enjeux dans le champ de l’existence. Ainsi, l’art est-il non seulement le point de départ d’une pensée de l’habiter mais une ouverture signifiante permettant de réévaluer les définitions communes. La dichotomie de l'intime et du public est ainsi remise en question dans ces œuvres qui font se rejoindre les données essentielles et existentielles. La mesure humaine détermine les dimensions de l’œuvre – physiquement, mais aussi symboliquement et idéologiquement. Cette mesure est définie par le corps – celui de l’artiste, celui du spectateur – , et par le mur, envisagé comme un référent, comme un point d’articulation entre corps et architecture. Mais au-delà du corps et au-delà des catégories, c'est l'individu qui est en question(s) – et particulièrement l’individu dans son être intime. Les espacements ménagés par le mur pour le corps, par l’œuvre pour l’individu, traduisent les diverses signifiances de l’habiter et indiquent que celles-ci relèvent davantage de la hantise que de l’habitabilité. Sculpter l’habiter, c’est non seulement lui donner une visibilité, une corporéité, mais c’est aussi résister, pour affirmer des singularités, donner du sens à l’existence et ne pas oublier que l’habiter conjugue identité et dignité