Thèse soutenue

Pratiques linguistiques, statut des langues et interactions entre locuteurs sur les marchés de Douala (Cameroun)

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Auteur / Autrice : Carine Ebokolo Bema-Nemedeu
Direction : Jean-François Bonnot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Besançon
Partenaire(s) de recherche : autre partenaire : Université de Franche-Comté. UFR des Sciences du langage, de l'homme et de la société

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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La sociolinguistique camerounaise est en pleine expansion ; toutefois la question des interactions sur les marchés de Douala n’avait encore pas été étudiée. Nous nous sommes donc attachée à mettre en évidence les mécanismes et les stratégies de communication entre locuteurs ayant des langues et des cultures différentes sur ces places commerciales. Il s’agissait en outre de préciser le comportement des très nombreuses langues nationales au contact du français dans un environnement de transactions commerciales quotidiennes. En appliquant la méthode acacia de Louis-Jean Calvet, nous démontrons que le français – dans sa version camerounaise, le pidgin-english et le camfranglais sont les langues dominantes du marché de la capitale économique. On note néanmoins une régression du pidgin-english au profit du camfranglais du fait d’un changement de génération. Le plurilinguisme des Camerounais, tel que nous l’avons observé, nous permet d’affirmer que ceux-ci sont attachés à leurs langues maternelles, bien que le français soit langue dominante. Ils utilisent le français camerounais, le camfranglais et les langues nationales comme langues identitaires. Ceci permet de parler de diglossie enchâssée avec un bilinguisme à langue minoritaire dominante (observé chez les commerçants) et un bilinguisme à langue majoritaire dominante (observé chez les clients). L’étude de la qualité des interactions présupposait celle de la notion de politesse, laquelle pose quelques problèmes, non seulement au marché, mais aussi dans les autres lieux publics d’échanges. Il se trouve que dans nos marchés, les questions sur la santé supplantent les salutations en ouverture d’interaction. Les formules de remerciements, de vœux et de projets, automatiques en France, par exemple, sont assez rares sur les marchés camerounais. Autant on voit fleurir des formules de remerciements et de projets telles que « merci à demain / à samedi pour le déballage », autant les formules de vœux comme « bonne journée / bon week-end » sont quasi inexistantes. Ces formules identifient d’ailleurs le locuteur comme appartenant à la haute société ou comme venant de l’étranger. En conclusion, les langues dominantes sur les marchés sont les langues de la communication urbaine, les langues nationales présentes étant utilisées de façon identitaire. Le plurilinguisme des Camerounais sur les marchés et la diglossie enchâssée que nous avons mise en évidence, prouvent que, loin d’être un facteur de division, ce plurilinguisme permet à chaque identité linguistique et culturelle, non seulement de s’exprimer, mais aussi de s’ouvrir aux autres, pour un meilleur épanouissement des locuteurs