Eclaircissement de la peau chez les femmes africaines à Marseille
Auteur / Autrice : | Céline Emeriau |
Direction : | Gilles Boëtsch, Antonio Guerci |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie biologique |
Date : | Soutenance le 10/09/2010 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille 2 en cotutelle avec Università degli studi (Gênes, Italie). Facoltà di lettere e filosofia |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale Sciences de l'environnement (Aix-en-Provence) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Anthropologie bio-culturelle, droit, éthique et santé (Marseille) - Università degli studi (Turin, Italie). Dipartimento di scienze antropologiche, archeologiche e storico-territoriali |
Jury : | Président / Présidente : Emma Rabino-Massa |
Examinateurs / Examinatrices : Gilles Boëtsch, Antonio Guerci, Bernard Andrieu, Stefania Consigliere, Dominique Chevé | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Bernard Andrieu, Stefania Consigliere |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La couleur de la peau est le caractère physique de l’homme possédant la plus grandevariabilité. Originairement répartie selon un gradient géographique, les migrations depopulations sont venues nuancer cette répartition chromatique. La pigmentation caractérisetoutefois un espace géographique et les populations qui y vivent, constituant un marqueuridentitaire selon l’origine géographique des individus. La rencontre de populations d’originesdifférentes a donné naissance à un imaginaire construit autour de la couleur de la peau. Lapigmentation comme marqueur identitaire, qui n’a de sens que dans le domaine social, seconjugue à des mythes et stéréotypes qui ont évolués au cours du temps mais qui restenttoujours présents dans l’imaginaire social.Stigmatisante et chargée symboliquement, la couleur de la peau est soumise au mêmetitre que le reste du corps à un travail des apparences. Pour être jugée esthétiquementconforme aux normes dominantes, la peau doit répondre à des critères. Comme tout travaildes apparences, l’éclaircissement de la peau est un fait social s’inscrivant dans un système dereprésentations propre à l’environnement socio-culturel des populations qui s’éclaircissent.C’est dans ce contexte que cette pratique corporelle prend son sens. Or dans le cas despopulations originaires d’Afrique vivant en France, leur environnement socio-culturel se voitinfluencé à la fois par leur pays d’origine mais aussi par leur pays d’accueil, ainsi que par lesenjeux politiques les liant historiquement, des enjeux pour lesquels la couleur de la peau a putenir un rôle prépondérant, notamment durant la période de la colonisation.Au cours de notre étude, nous cherchons à faire un état des lieux de cette pratique auprèsdes femmes africaines vivant à Marseille. Nous essayons de mettre en évidence comment estréalisée cette pratique et à quels systèmes de représentations elle fait référence. Pour cela nousnous intéresserons aux produits et aux techniques permettant d’éclaircir la peau, au regard desfemmes africaines qu’elles utilisent ou non ces produits, mais également au discours socialsur la pratique émanant des publicités pour produits éclaircissants, des magazines fémininsciblant les femmes africaines mais aussi les vendeurs et les médecins témoins de l’impactnocif des produits.L’analyse globale de ces différents discours montre que la pratique de l’éclaircissementde la peau ne se limite pas à un changement de couleur de peau. En modifiant la teinte, maisaussi la texture et la luminosité de la peau, les femmes répondent à une logique sociale etimaginaire. En effet, la pratique de l’éclaircissement s’inscrit dans une logique imaginaire auxfondements empiriques et dont le résultat imprimé sur la peau des femmes aura un impactdans leur vie sociale. En changeant leur couleur de peau, les femmes rentrent dans uneconstruction bio-socio-subjective. Elles matérialisent ainsi une quête identitaire s’inscrivantdans un référentiel socio-culturel et chromatique.Ce travail a pour particularité d’apporter une analyse originale sur l’éclaircissement chezles femmes africaines à Marseille mais aussi un regard pluridisciplinaire nécessaire à l’étudede l’éclaircissement de la peau, une pratique corporelle qui renvoie à la fois à des fonctionsbiologiques et culturelles.