''L'esthétique du translucide'' chez José Sanchis Sinisterra
Auteur / Autrice : | Marie Elisa Franceschini |
Direction : | Monique Martinez Thomas |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Espagnol |
Date : | Soutenance en 2009 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 |
Mots clés
Résumé
Pour son théâtre, José Sanchis Sinisterra revendique depuis le début des années 90 « l’esthétique du translucide », le translucide étant ce qui laisse passer la lumière sans laisser voir clairement les choses. Après une évocation des prémices du « translucide » dans le parcours du dramaturge, la thèse propose une définition des fondements théoriques de cette esthétique. Les nouvelles sciences du XXème siècle (quantique, chaos, systémique) ont, par leurs répercussions philosophiques, modifié les modes de représentation du réel et inspiré les artistes. Chez Sinisterra, l’influence se ressent au niveau thématique, métaphorique et esthétique. Les mécanismes qui rompent avec la transparence sont la fragmentation (discontinuité, incomplétude), et le flou qui brouille les limites, relativise les dichotomies, créant l’ambiguïté et la complexité. L’analyse montre comment ces mécanismes s’appliquent à la dramaturgie : fable, temps, espace, sons, personnages, langage. À côté des sources d’opacité, l’étude met en évidence la part doublement lumineuse du translucide. La première lumière, celle de l’auteur, est certes partielle, mais aussi multiple, scintillante et poétique. La deuxième, celle du récepteur, éclaire l’œuvre par un déchiffrage constant, et des interrogations perpétuelles. Le lecteur/spectateur devient ainsi co-créateur d’un sens multiple. Ce que suggère finalement cette esthétique, c’est la translucidité du rapport à soi, à l’autre et au monde postmoderne, mais aussi la translucidité du rapport à l’œuvre d’art. En pointant les sources d’opacité, ce théâtre met le récepteur au défi de conjuguer liberté et responsabilité pour que son trajet reste lumineux malgré le flou.