Les contradictions culturelles du développement : la tribu de la Conception à Nouméa, Nouvelle-Calédonie
Auteur / Autrice : | Umberto Cugola |
Direction : | Bernard Charlery de La Masselière |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Géographie |
Date : | Soutenance en 2009 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 |
Résumé
Avec la signature de l’accord de Matignon en 1988 prorogé en 1998 par celui de Nouméa, les Kanak abordent un tournant décisif de leur histoire. Les tribus baignent désormais dans une société calédonienne marquée par de vigoureuses dynamiques de développement soutenues à la fois par les transferts massifs de l'État et par une intensification d'une production de nickel entraînée par la « mondialisation ». De surcroît avec l'institutionnalisation de leur culture les Kanak jouissent d'un niveau de reconnaissance exceptionnel dans l'enceinte républicaine. De prime abord toutes les conditions semblent réunies pour réaliser l'objectif tant recherché d'une « intégration des Kanak à l'économie de marché ». La tribu de La Conception sur laquelle porte ce travail de thèse semble faire référence en la matière. Or en Nouvelle-Calédonie comme ailleurs dans le monde le développement et la culture entretiennent un rapport contradictoire et conflictuel. Les tensions enregistrées dans ce rapport sont patentes à La Conception car cette tribu possède la particularité unique d'être établie en plein cœur de l'agglomération du Grand-Nouméa. En prise directe avec de puissantes dynamiques urbaines et les formes classiques d'une société moderne, la communauté de La Conception subit impuissante le flétrissement de sa sphère culturelle. Pour contrer ce processus des jeunes kanak de cette tribu créent une association et décident de réhabiliter un patrimoine légué par leurs ancêtres : la culture irriguée en terrasses du taro. Action de développement née d'une réflexion sur une « culture vécue » et à laquelle appartient l'auteur, voila comment doit-être située cette initiative. Appuyé sur cette expérience, ce travail de thèse questionne le rapport entre culture et développement. Quand le développement s'intègre mal à une communauté, on dit couramment qu'il rencontre des obstacles culturels. D'aucuns prétendent que la culture est un frein au développement. Et si ces résistances n'étaient pas simplement des obstacles qu'il suffirait de comprendre pour les contourner ? Ne pourraient-elles pas représenter une forme politique d'expression cherchant à donner un sens plus « humain » au développement ? Pour penser le rapport entre culture et développement, ce travail intègre une dimension politique héritée de la colonisation. Economique, culturel et politique, tels sont les trois secteurs à travers lesquels sont recherchées les « Contradictions culturelles du développement ».