Thèse soutenue

Que faire d'une oeuvre inachevée ? : les choix interprétatifs face au manque à travers les exemples de "L'art de la fugue" de Bach, "La Khovantchina" de Moussorgsky et la "Neuvième symphonie" de Bruckner

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Auteur / Autrice : Pierre-Emmanuel Lephay
Direction : Márta Grabócz
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Musicologie
Date : Soutenance en 2009
Etablissement(s) : Strasbourg

Résumé

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Les différences entre plusieurs interprétations d’une œuvre inachevée sont parfois considérables. Qu’est-ce qui autorise de telles différences ? De qui proviennent-elles ? Quelles en sont les motivations ? L’observation des actes interprétatifs face à l’inachèvement révèle des positions variées : de l’attitude de dévotion extrême, qui consiste à ne pas intervenir sur la partition, à sa « recomposition » qui en fait une œuvre autre, la marge de manœuvre semble infinie. De tels actes interprétatifs proviennent de bien des acteurs de la vie musicale : éditeurs, musicologues, exécutants, directeurs artistiques, compositeurs. . . Ces différentes catégories pouvant se confondre (par exemple un chef d’orchestre se faisant compositeur), les limites entre les unes et les autres en deviennent parfois floues. Les motivations des interprètes ne sont, en outre, pas toujours uniquement musicales mais aussi parfois culturelles, commerciales voire politiques. Si l’œuvre inachevée suscite des actes aussi surprenants, c’est parce qu’elle ne dispose pas des « garde-fous » dont bénéficie l’œuvre achevée (un début, une fin et, entre les deux, une continuité du discours). L’imagination créative des interprètes est ainsi davantage sollicitée et l’absence de limites clairement définies est ressentie comme une liberté supplémentaire. Le questionnement de l’œuvre est ainsi permanent puisque, bien souvent, la solution de l’un est modifiée par un autre : chaque artiste, chaque époque ayant sa pierre à apporter sur la connaissance de l’œuvre inachevée, le « chantier » semble sans fin et le débat sur ce que l’on doit en faire semble ainsi ne jamais pouvoir être clos.