Thèse soutenue

Des maux du corps pour solliciter l'empathie : la douleur physique sportive éprouvée en commun, génératrice de communication : une médiation éducative à l'essai des mineurs de justice

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Auteur / Autrice : Omar Zanna
Direction : Loïck M. Villerbu
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance en 2009
Etablissement(s) : Rennes 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales (Rennes)
Partenaire(s) de recherche : Autre partenaire : Université européenne de Bretagne (2007-2016)

Résumé

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Cette thèse restitue la procédure et les résultats d’une recherche menée avec des mineurs de justice répartis en trois groupes : les uns incarcérés dans deux maisons d’arrêts, les autres pris en charge par quatre Foyers d’action éducative (FAE), et les troisièmes placés dans un Centre éducatif fermé (CEF). Tenant pour acquis l’axiome selon lequel il existe un lien entre défaillance d’empathie ponctuelle et délinquance juvénile, la thèse soutenue postule que l’expérience partagée de la douleur physique, associée à des temps de parole, contribue à restaurer chez les mineurs délinquants la disposition à percevoir les composantes et significations émotionnelles de l’autre, autrement dit à être plus empathique, plus apte à identifier chez un autre au moins ce qu’ils peuvent ressentir eux-mêmes. Pour faire émerger à la conscience sensible l’existence de l’autre comme une version possible de soi et pour amener, par la suite, à une gestalt empathique, nous avons principalement utilisé la médiation des douleurs générées par les activités physiques et sportives (APS) pratiquées en groupe. Dans cette optique, nous avons encadré une et parfois plusieurs séances d’APS par semaine pendant six mois avec des jeunes volontaires, en veillant toujours à proposer des situations pédagogiques créant les conditions concrètes de l’excitation de la disposition à l’empathie qui leur fait temporairement et contextuellement défaut au moment de l’agir infractionnel. Dès lors, il importait de prolonger ce moment de connivences émotionnelles afin que chaque jeune parle de lui, de ses douleurs, mais aussi qu’il entende progressivement celles des autres. Au cours de cette phase, il se rend compte que ses propres sensations sont similaires à celles de ses camarades ; de ce fait, il ose les exprimer et les entendre sans dévalorisation. Ainsi, parce qu’elle inaugure le dépassement et le surmontement, la douleur physique individuelle et groupale, provoquée volontairement, non sans défi, en mettant en jeu les grandes figures narcissiques qui constituent chacun de nous, fait office d’un quasi-viatique éducatif pour ces jeunes dont le parcours de vie, à force de traumatismes et d’incompréhension, conduit à l’isolement et parfois au mutisme. D’un tel partage avec soi-même et les autres naît l’Autre