Contrat et propriété
Auteur / Autrice : | Jean Arié Lévy |
Direction : | Denis Mazeaud |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Droit privé |
Date : | Soutenance le 23/11/2009 |
Etablissement(s) : | Paris Est |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Droit, Europe et société (Créteil ; 1995-2009) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Centre Obligations, biens, marchés (Créteil) |
Laboratoire : Obligations- biens- marchés / OBM | |
Jury : | Président / Présidente : Marc Billiau |
Examinateurs / Examinatrices : Denis Mazeaud, Marc Billiau, Hugues Périnet-Marquet, Thierry Revet, Philippe Dupichot | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Hugues Périnet-Marquet, Thierry Revet |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
L’analyse de la relation entre la propriété et le contrat, est celle de l’incidence que peut produire au sein du contrat,la propriété. La mesurer butte d’emblée sur l’amoindrissement considérable qu’elle a subi sous la poussée de la loi, de lajurisprudence et de la doctrine, qui l’a réduite à une pure relation d’appropriation. Il importe donc d’abord de restituer à lapropriété sa dimension première de souveraineté, porteuse d’une liberté, et dotée d’un contenu positif, constitué d’un faisceaude prérogatives, dont le propre est leur rattachement indéfectible à la propriété. Deux prérogatives du propriétaire, déduites deson heurt avec le contrat, peuvent être mises en évidence : celle de reprendre sa chose, lorsque le propriétaire a mis sa chose àla disposition d’autrui, et celle de retenir sa chose, lorsqu’il l’a promise. Le pouvoir de reprendre sa chose se montre avecvigueur : il permet au propriétaire de faire dévier à son profit la loi du contrat, pour en résorber la durée. Le droit en montre laréalité négativement par la prohibition de l’engagement perpétuel du propriétaire, dont attestent la prohibition des bauxperpétuels et l’accueil limité de l’obligation réelle. Il marque la précarité de la remise de la chose à autrui et autorise lepropriétaire à la soustraire à l’emprise temporelle du contrat. Le prêt et le dépôt en forment l’illustration majeure. Cetteprécarité survit au sein des statuts protecteurs destinés à pérenniser la jouissance du locataire, laquelle vient butter contre lepouvoir du propriétaire de reprendre sa chose, ce qui permet de rattacher les droits nés de tels contrats à la catégorie desdroits personnels. Le pouvoir de reprendre sa chose se manifeste encore dans sa mise en corrélation avec la préservation de lasubstance de la chose. Il prend la forme d’un droit d’intervention du propriétaire en cours de contrat, lui permettant d’ymettre fin et de recouvrer la possession de sa chose, s’il a été porté atteinte à sa substance. Autre est la situation dupropriétaire qui a promis sa chose. L’incidence que peut jouer la propriété dans le contrat se traduit alors par un pouvoir deretenir sa chose, malgré la promesse. Les promesses de contrats solennels en sont la première illustration, qui, par leurrésolution en dommages et intérêts font émerger un pouvoir du propriétaire de garder sa chose. Les avant-contrats précédentsla vente participent aussi d’un tel pouvoir. La promesse unilatérale de vente en forme l’illustration majeure, par l’atténuationde sa force obligatoire en jurisprudence, qu’il est possible de rattacher à la propriété conservée du promettant.Réciproquement, la promesse synallagmatique de vente, malgré l’émergence par le retard apporté au transfert de propriété dela qualité de propriétaire, contraint la volonté du propriétaire, le transfert de propriété en étant l’effet inéluctable. Instrumentde contrainte, son usage peut être étendu à d’autres figures contractuelles. Parallèlement, la pratique, suivie de la loi, a faitsourdre une nouvelle propriété, la propriété fiduciaire, qui elle aussi annihile le pouvoir de propriétaire de retenir sa chose etfait sourdre cette figure originale, celle du propriétaire tenu à restitution. A nouveau, le contrat a fait ployer la propriété, maissous ce joug gît une propriété remodelée par le contrat. Au rayonnement de la propriété dans le contrat a succédé son éclipse.