La sensibilité dans la pensée d'Emmanuel Lévinas et de Maurice Merleau-Ponty
Auteur / Autrice : | Gerhard Weinberger |
Direction : | Catherine Chalier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 2009 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Mots clés
Résumé
Les approches respectives de Levinas et de Merleau-Ponty sont d'abord analysées à partir de leur lecture de Husserl, qu'ils créditent d'une ''réhabilitation du sensible'', mais qu'ils lisent différemment. Est ensuite décrite la manière dont Merleau-Ponty et Levinas développent leur propre pensée autour de notions centrales que sont la sensation et l'impression originaire. Il en ressort que les divergences déjà présentes dans l'interprétation de Husserl s'accentuent : Merleau-Ponty pense la sensation et l'impression originaire surtout dans leur fonction de transmetteurs des qualités sensibles en vue d'une connaissance ; Levinas y voit le premier contact du sujet avec autre que lui-même et qui contient la possibilité de rencontrer cet autre autremant que par la conscience. Les mêmes différences se retrouvent finalement au niveau du rôle du corps et de l'incarnation : chez Merleau-Ponty, une sensibilité qui, comme chair, occupe une place prépondérante entre le sujet et le monde, jusqu'au point d'une dillution du ''sujet'' dans cette chair ; chez Levinas, l'élaboration d'une sensibilité passive qui, comme ''vulnérabilité'', expose le sujet à l'autre et l'accueille sans faire appel à une conscience intentionnelle, ouvrant ainsi la voie vers une éthique de responsabilité vis -à-vis d' Autrui. En conclusion, sont soulignées les critiques formulées par Levinas à l'encontre de Merleau-Ponty : en limitant la sensibilité à sa fonction de fournir la base d'un savoir-fût-ce ''savoir autrement''-, Merleau-Ponty fait l'amalgame entre savoir et sentir et, ce faisant, se prive de penser un sujet effectivement responsable vis-à-vis du monde et d'Autrui.